Lorsque l’on se penche sur la gestion des régions, un premier constat s’impose : la fiscalité locale a explosé. Quoi de plus normal, la décentralisation est passée par là, des compétences ont été transférées aux régions, mais l’Etat n’a pas compensé ces transferts et les régions ont donc été obligées d’augmenter leurs impôts pour pallier pour pouvoir assumer leurs nouvelles charges. C’est du moins l’argument des exécutifs régionaux. C’est simple et logique, non ?
Pas tant que cela. Prenons quelques exemples…
Soyons naïfs et acceptons cet argument, pour la Bretagne, par exemple. En effectuant le calcul selon les propres critères de la région, “l’ardoise“ laissée à la région par l’Etat, serait de 4,2 millions. Même si cela était vrai, je n’arrive pas à comprendre pourquoi plus de 200 millions supplémentaires ont été prélevés sur les contribuables bretons depuis 2005 !
Le Président du Conseil régional d’Auvergne, utilise les mêmes arguments (pallier “le désengagement de l’Etat“ et “faire face au coût de la décentralisation“) pour justifier une augmentation de près de 140 millions pour les taxes locales et 28 millions pour la TIPP, soit près de 168 millions d’euros supplémentaires prélevés sur les ménages et les entreprises auvergnats. Là encore, la réalité le contredit. Mieux, elle pose une question embarrassante : l’exécution des comptes montre que le coût des nouvelles compétences (charges induites comprises) s’est élevé à 72,2 millions d’euros tandis que, sur la même période, l’Etat a transféré à la Région 74,6 millions d’euros… soit 2,4 millions de plus que les dépenses réellement constatées ! D’où cette question : comment expliquer aux Auvergnats qu’on leur ponctionne 168 millions d’euros pour compenser le manque de transferts de l’Etat, alors que ces mêmes transferts dégagent un excédant de 2,4 millions ?
Pour la région Centre, la majorité socialiste estime le coût maximal des transferts à 71 millions, elle compense donc en prélevant… 339 millions de recettes fiscales supplémentaires !
Dernier exemple du “désengagement“ de l’Etat, le Limousin. Et ce cas est particulièrement choquant, puisqu’il touche à l’apprentissage. En 2008, alors que la région se voit verser 23 538 028 €, elle ne dépense que 22 301 114 €. Bonus pour la Région : 1 236 914 € ! Et ce n’est pas tout. Dans ce budget, il a été décidé de réduire la part réservée aux indemnités aux maîtres d’apprentissage, de 500 000 € en 2009. Par souci d’économie ? Pas vraiment. En 2008, la Région avait certes dépensé 6 942 856 €, mais la dotation reçue était de 7 930 429 € ! Etonnant, non ? Pas pour Ségolène Royal qui fait la même chose dans sa région : la région Poitou-Charentes perçoit 97 millions d’euros de l’Etat pour la formation professionnelle, mais n’en dépense que 88.
Et ce ne sont que quelques exemples de cette vaste imposture qu’entretiennent les présidents de conseils régionaux pour tenter de masquer la déroute complète de leur politique.