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  • Une élection pour rien ?

     

    Lorsque l'on est un européen convaincu, les listes en présence pour les prochaines élections européennes posent un véritable problème de choix. Ou plutôt de manque de choix !

    Un manque de choix qui est aussi le reflet du manque d'intérêt des partis politiques français pour l'Europe. Alors que chez la plupart de nos voisins, se présenter aux élections européennes est une consécration pour un élu, chez nous ce sont les laissés pour compte, ceux qui ont perdu leur place et qu'il faut bien recaser quelque part pour qu'ils touchent une indemnité, qui se voient offrir une forme de retraite dorée ! Pire encore, celles et ceux qui ont fait la preuve de leur compétence, dont le travail au sein des institutions européennes est reconnu par leurs collègues étrangers, se voient rétrograder !

    Au PS, Catherine Trautmann, tête de liste Grand Est au dernières élections, européenne convaincue, doit céder sa place à un novice en politique dont les déclarations confirment la parfaite méconnaissance de ce qu'est l'Europe. Liêm Hoang-Ngoc, numéro deux de la liste PS en 2009, économiste reconnu et qui avait réussi à se faire un nom au parlement européen est tout simplement évincé !

    Dans le Grand Est encore, pour l'UMP cette fois, Véronique Mathieu, également numéro deux en 2009 et classée numéro un des députés français les plus actifs, se voit reléguée en cinquième position, la tête de liste revenant à Nadine Morano dont les convictions européennes ne nous sont apparues comme flagrantes au cours de ses différents mandats.

    Je ne parle même pas des listes que je qualifierais d'inutiles, celles des extrême, de gauche comme de droite, dont les élus n'ont pas la réputation de siéger avec assiduité ! En gros, voter FN, Front de Gauche ou s'abstenir revient au même. Le choix se réduit donc au seul parti qui accorde une large place à l'Europe dans son programme, l'UDI, et, dans une moindre mesure, à Europe Ecologie… C'est peu !

    Les partis politiques ne sont pas les seuls responsables du désintérêt des Français pour l'Europe, les médias ont une très large part de responsabilité : combien de fois les grands journaux télévisés nationaux ont-ils retransmis un compte rendu des débats au Parlement Européen ? Combien de fois ont-ils rendu compte du discours d'un chef d'état ou de gouvernement devant cette assemblée ? Connaissez-vous Joseph Daul ? C'est pourtant, très certainement, l'un des hommes politiques les plus influents en Europe, qui peut se permettre d'envoyer un SMS à Angela Merkel sur son portable et d'obtenir une réponse dans la minute qui suit ! Il est même considéré comme le plus influents des euro-députés, toutes nationalités confondues. Combien de fois a-t-il été l'invité d'une émission politique française ? Française, car les autres télévisions européennes, elles, ne l'ignorent pas. Il a exercé les plus hautes responsabilités au Parlement Européen, aujourd'hui il préside le Parti Populaire Européen qui rassemble les grands partis de droite, mais nos grandes chaînes préfèrent inviter un obscur député pour débattre des sujets liés à l'Europe plutôt que quelqu'un dont la compétence est unanimement reconnue… hors de nos frontières.
    Évidemment, les téléspectateurs pourraient prendre conscience que tous nos malheurs ne sont pas provoqués par l'Europe, un bouc émissaire tellement utile en période de crise. Le bouc émissaire idéal pour détourner l'attention de nos propres incompétences. La paille européenne cache si bien la poutre française ! Et une fois de plus, les Français, mal informés ou consciemment aveuglés, vont s'enferrer dans leurs propres contradictions : eux qui dénoncent à la moindre occasion les politiques qui se moquent de leurs électeurs et ne pensent qu'à leur carrière et à leur porte-feuille,  s'apprêtent à donner leur voix (à en croire les derniers sondages) à ceux-là même qu'ils dénoncent. Autant voter blanc, le résultat sera le même et, au moins, cela n'assurera pas une rente à un élu qui n'exercera pas le mandat qui lui a été confié.
    La consultation des feuilles de présence est révélatrice : certains euro-députés, totalement absents des commissions, n'assistent qu'aux séances plénières strasbourgeoises et encore, pas à toutes. Or, un élu qui n'assisterait pas à au moins la moitié de ces séances verrait ses indemnités largement amputées ! Ceci explique l'intérêt, très relatif, de certains pour celles-ci. Et comme le système électorale assure aux têtes de liste des principaux partis une élection à coup sûr, nous allons, une fois de plus, envoyer siéger (si peu) des personnes dont l'Europe est le dernier des soucis. Et les médias (français) continueront à ignorer superbement les institutions européennes qui resteront la cible favorite des populistes de tout bord.

    Alors, une élection pour rien ? Certainement, si considérations nationales l'emportent et si les Français ne sont pas capables de faire la part des choses.