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Un choix raisonné

Evoquer les délocalisations, comme le font actuellement certains tenants du “Non“, est, à mon avis, jouer sur les peurs des Français. Car cet argument n’est pas recevable, au contraire, il serait plutôt de nature à provoquer la réaction inverse. En refusant la Constitution la France se mettrait de fait en retrait par rapport aux 24 autres pays : ne serait-il alors pas tentant pour certaines entreprises de se délocaliser afin de rester au cœur de ce grand marché ?

Il en est ainsi de nombre des arguments avancés de part et d’autre : à chaque exemple, il est possible d’apporter un contre-exemple. Ainsi, en implantant une usine en Pologne, Peugeot a considérablement augmenté ses effectifs sur son site de production de Mulhouse afin de pouvoir fournir cette nouvelle usine en pièces détachées.

En tout état de cause, ce n’est pas en refusant un texte, qui est certainement imparfait mais qui a le mérité d’exister, que l’on empêchera ces mouvements industriels. Il me semble donc, non seulement vain, mais également dangereux de jouer ainsi sur les angoisses légitimes d’un certain nombre de nos compatriotes.

Malheureusement, depuis quelques années, nous avons perdu l’habitude de raisonner, sinon à long terme, du moins à moyen terme., et cette “civilisation du tout, tout de suite“ que nous connaissions bien dans le domaine du marketing s’est étendue à la politique : on élit quelqu’un sur un programme, applicable au cours d’un mandat d’une durée déterminée. Il n’a pas si longtemps encore, on attendait la fin du mandat, on faisait le bilan et en fonction de cela on reconduisait l’élu ou on le remplaçait. Aujourd’hui, on ne lui laisse plus le temps de mettre en pratique son programme : on exige des résultats tout de suite. Quitte à le remplacer avant qu’il ait eu le temps de mener à bien sa tâche, le même sort attendant d’ailleurs son successeur !

Alors, pour ce scrutin, posons-nous les vraies questions et arrêtons de jouer sur des fantasmes, des peurs irraisonnées ou des suppositions fallacieuses.
- voulons-nous garder cette Europe technocratique que dénoncent certain ou donner plus de pouvoirs aux élus ?
- faut-il refuser un texte qui, pour la première fois prend en compte des aspects sociaux (qui n’ont pas été faciles à obtenir, nombre de nos partenaires y étaient opposés) sous le prétexte qu’on ne va pas assez loin ?
- …
La liste peut être longue, mais sachons rester pragmatiques et concrets. Pour ma part, j’ai toujours appris qu’il valait mieux tenir que courir, et donc, même si, je le répète, ce texte est loin d’être totalement satisfaisant, il est aujourd’hui ce que nous pouvions espérer de mieux. Et contrairement à ce que certains tentent à nous faire croire, il n’est pas figé et peux évoluer dans le temps.

Rien ne permet d’affirmer qu’une renégociation serait possible : pourquoi 24 pays qui, au terme d’une longue et difficile négociation, ont trouvé un compromis acceptable par tous, devraient-ils céder face à un seul ? Comment peut-on croire que la France, qui a péniblement réussi à arracher un certain nombre de concessions sur le plan social, quand était en position de force, pourrait en obtenir d’avantage alors qu’elle se trouverait affaiblie et en position d’infériorité ?

Je sais bien que je ne convaincrais pas les farouches tenants du “Non“, mais j’espère sincèrement que les indécis prendront le temps de se renseigner, de bien peser le pour et le contre et de se déterminer en leur âme et conscience.
Mais, quelque soit votre choix, la seule que vous ne puissiez faire, c’est de rester indifférent : votez “Oui“ (de préférence), votez “Non“ (e toute façon, je ne pourrais pas vous en empêcher !), à l’extrême limite, votez blanc… mais VOTEZ !

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