La politique à l’ancienne semble encore avoir de beaux jours devant elle : les godillots ne sont pas prêts à être rangés au placard ! Le dernier sondage sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe le confirme de manière éclatante.
Dans un schéma classique d’évolution des mentalités, ce sont généralement les hésitants qui peuvent basculer d’un camp à l’autre. Dans le cas de ce sondage, ce sont pourtant des convaincus qui deviennent opposants, autrement dit des “tout à fait pour“ qui deviennent “tout à fait contre“. Les pourcentage des “plutôt pour“ et “plutôt contre“ ne bouge pratiquement pas.
On pourra m’objecter que, faute d’étude précise sur ce point, des “tout à fait“ ont pu virer “plutôt“ et que la bascule s’est réellement faite chez les hésitants. C’est effectivement possible, mais ce qui est troublant, c’est que la baisse des uns correspond exactement à l’augmentation des autres et cela dans les mêmes proportions pour les deux questions (mariage et adoption). Et cela semble se confirmer lorsque l’on regarde les chiffres par sympathie politique : ils n’ont pas changé à gauche, très légèrement au FN mais ont nettement chuter chez les sympathisants UMP (-10% pour le mariage, -17% pour l’adoption). Les sympathisants UMP n’ont pas perdu leur vieille habitude de suivre aveuglément l’avis des “chefs“ !
Je ne peux m’empêcher d’évoquer une conversation avec un vieux militant qui, à l’époque, avait également changé radicalement d’avis sur un sujet. Lorsque je m’en étais étonné auprès de lui, sa réponse m’avait laissé pantois : «Oui, mais tu sais, eux ils savent mieux que nous !». Et comme j’essayais d’argumenter, il a coupé court : «Eux, ils ont étudié la question et s’ils pensent que ça doit être comme ça, je leur fait confiance. Et si tu n’es pas d’accord, tu n’a rien à faire ici !».
Une image s’impose à moi : un troupeau de moutons chaussés de godillots. Version contemporaine du mouton de Panurge. Enfin, contemporaine…