Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Constitution européenne : revenir aux vrais enjeux

Voici un extrait d'un texte rédigé par celui qui, en France, connait le mieux le traité. Le sénateur Hubert Haenel, président de la délégation pour l'Union Européenne, a non seulement été l'un des membres de la convention, mais il a également participer à la rédaction de la Charte des Droits fondamentaux.

Il faut toujours revenir à la question à laquelle, le 29 mai, les Françaises et les Français devront répondre par “oui“ ou par “non“ : “Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe“.
C’est à cette question et à elle seule qu’il faudra répondre. Et il n’y aura qu’un seul tour.
La question ainsi posée aux Français est toute simple : voulons-nous donner à l’Europe les moyens dont elle a besoin pour défendre ses valeurs, son identité, ses intérêts, son influence dans le monde ?
Avec le traité constitutionnel, nous construisons une Europe plus indépendante, plus forte, une Europe qui puisse défendre son mode de vie, sa place dans le monde.
En disant oui au traité constitutionnel, nous répondons à la vocation que le Général de Gaulle assignait à l’Europe en 1964 : « Une Europe européenne signifie qu’elle existe par elle-même, autrement dit qu’au milieu du monde, elle ait sa propre politique ».
C’est-à-dire qu’il faut complètement écarter du débat les considérations de politique intérieure.
Il ne s’agit pas de dire oui ou non au Président de la République, à son Premier Ministre, à son gouvernement, à Laurent Fabius, à Jean-Marie Le Pen, à Marie-Georges Buffet, à Philippe de Villiers.
Il faut toujours garder à l’esprit que nous sommes devant un texte bien spécifique.
Le traité constitutionnel a ceci de nouveau et d’original qu’il n’a pas été préparé par des gouvernements. Il a été élaboré par une enceinte, la Convention, où les représentants des gouvernements étaient présents, certes, mais très minoritaires ; la grande majorité de la Convention, c’étaient des représentants des parlements (parlements nationaux et Parlement Européen) et ce sont eux qui ont joué le rôle décisif au moment du compromis final. La Conférence intergouvernementale qui a suivi a repris, pour l’essentiel, les résultats des travaux de la Convention ? La Constitution Européenne n’est donc pas née de tractations entre les gouvernements : elle est d’abord l’expression de la démocratie parlementaire européenne.
Et la Constitution – faut-il le répéter ? – n’est ni de droite, ni de gauche. La Convention, qui statuait par consensus, était partagée à peu près pour moitié entre “gauche“ et “droite“. La Conférence intergouvernementale, qui s’est prononcée à l’unanimité, comprenait des gouvernements de gauche comme de droite. Le nouveau traité, en réalité, traduit la communauté de vues de 25 pays.
Il n’y a donc aucun sens à faire intervenir des considérations de politique intérieure. On est dans la politique européenne, point final. Et la Constitution exprime ce en quoi les 25 pays membres sont d’accord.
C’est pourquoi la position de ceux qui se réclament d’un NON qui serait “pro-européen“ me laisse perplexe. Etre pour le NON quand on est souverainiste est une attitude cohérente et naturelle. Etre pour le NON tout en se réclamant de la construction européenne me paraït être une fuite hors de la réalité. L’Europe n’est pas la France en plus grand. C’est un ensemble de 25 pays, et bientôt plus, chacun avec son histoire, sa vie politique, sa situation économique, ses problèmes prioritaires. Etre Européen, c’est accepter que la France soit une des composantes de cet ensemble où les autres ont, autant que nous, le droit de défendre leurs intérêts et leur vision des choses. La Constitution européenne, qui est le résultat d’un patient travail d’élaboration de plus de deux ans, est l’expression de la volonté partagée des 25 membres. Voudrait-on repartir de zéro que l’on arriverait, dans le meilleur des cas, à un résultat inférieur, si ce n’est à un échec. Croire que le NON permettrait d’obtenir un texte allant plus loin dans l’intégration, c’est tout simplement une vue de l’esprit.

Les commentaires sont fermés.