Recadrer la vie politique
La vie politique est totalement faussée.
Nous sommes, depuis quelques années déjà, dans la civilisation du zapping : j’aime, j’aime plus, j’aime bien mais je vais quand même voir ailleurs si ça n’est pas mieux…
Le “tout, tout de suite“ a remplacé le “mieux vaut tenir que courir“, attitude de ceux qui ont connu les privations et les difficultés de l’après-guerre et, qui par là même, savait apprécier à sa juste mesure le plus petit progrès.
Ces principes, bien connus dans l’univers de la publicité et du marketing, ont été totalement ignorés par le monde politique. Les hommes politiques ont continué à proposer leurs programmes, leur vision de la société à des Français qui n’avaient plus la même grille de décodage.
Mais la responsabilité est partagée : dans une société en perpétuel mouvement, les Français ont beaucoup de mal à admettre à comprendre qu’une décision politique ne soit pas suivie d’effet immédiat. Est-ce le résultat des faiblesses de notre système éducatif ? Le fonctionnement de nos institutions est-ils suffisamment connu ? N’est-il pas urgent de revoir sérieusement l’enseignement en matière d’instruction civique ?
Les Français n’ont plus réellement la notion exacte de ce qu’est une échéance électorale. L’attitude de l’opposition (quelle qu’elle soit, car tant la gauche que la droite ont pratiqué ce petit jeu) a contribué à semer le trouble dans l’esprit de nos concitoyens.
Je reprendrais le cas des élections régionales de 2004.
Il s’agissait de remplacer les exécutifs régionaux, rien de plus. La gauche a voulu en faire une vaste campagne anti-gouvernementale, ce que cette élection ne devait pas, ne pouvait pas, être. Il est donc tout à fait normal que les Français, à l’issue du scrutin, manifestent leur mécontentement quand, fort logiquement, ils constatent que leur vote ne produit aucun effet sur la politique du gouvernement.
Fort logiquement, car ce n’était pas l’enjeu réel.
Et cela, les Français ont du mal à l’admettre. Pourtant, qui pourrait imaginer en prenant l’avion pour une destination donnée, de demander en plein vol à changer d’équipage et de destination ?
Une élection relève d’un choix identique : les Français choisissent un programme ainsi que des femmes et des hommes chargés de le mettre en œuvre dans une durée donnée.
Le premier axe de communication à mettre en œuvre est de fixer l’action (présidentielle, législative, régionale, départementale, communale…) dans la durée. Et d’en rappeler les limites ! Je garde en mémoire des élections cantonales au cours desquelles le thème de l’insécurité et de l’immigration a été largement évoqués alors que le Conseil Général n’a aucune compétence dans ces domaines. Mensonges, certes, mais qui ont faussé les débats et occultés les vrais problèmes.
Nous sommes dans une société de l’information et de la communication tout azimut. Le monde politique est resté trop en retrait, et ce n’est pas la prolifération des conseillers en communication qui ont aidé nos Politiques à modifier leur image ou qui nous ont asséné telle ou telle formule choc, qui a changé quoi que ce soit au problème.
On a communiqué sur la forme (ce qui est nécessaire), on a oublié le fond, estimant sans doute (mais à tort) que les Français avaient les bases indispensables.
Et cela est la version optimiste, je ne parle même pas de certains responsables politiques pour lesquels les Français n’ont pas besoin de comprendre les enjeux d’une élection et pour lesquels seul compte le résultat. La démagogie, elle, ne nécessite pas d’énormes efforts de communication !
On peut considérer le problèmes sous tous les angles imaginables, il n’y a pas beaucoup de solutions pour remettre la vie politique française sur ses rails : éduquer, informer… communiquer. Mais efficacement !