Vivons-nous dans une société d’assistés frileux ?
Passe encore sur le principe de précaution que l’on peut admettre dans certains cas. Mais de là à l’institutionnaliser, il y a un fossé. Si ce principe avait été strictement appliqué voici un peu plus d’un siècle, nous n’aurions pas de train ! Il suffit de relire les rapports des plus hautes autorités scientifiques expliquant que l’organisme humain ne pourrait résister aux brusques changements climatiques, aux vitesses phénoménales de plus de 40 km/h…
Mais que dire de cette nouvelle manie de mettre en place des cellules psychologiques pour tout et n’importe quoi ? Dernier exemple en date : après l’annulation (par deux fois) des épreuves d’un concours, une cellule psychologique a été créée pour permettre aux étudiants de passer ce cap difficile. On croit rêver !
Et lorsque se pose un problème, quel qu’il soit, aussitôt des voix se font entendre pour demander à l’état de prendre des mesures. Et gare à celui qui oserait remettre en cause ce principe d’assistanat. Là encore, nous en avons un exemple tout récent. Avant même qu’il soit rendu public, le rapport de la commission Attali fait débat, principalement la proposition visant à revenir sur la réglementation commerciale. On nous annonce déjà la mort du petit commerce. Pourtant, en y réfléchissant bien, interdire l’implantation de grandes surface n’est-ce pas la solution de facilité ? Celle qui nous exonère de nos responsabilités ? Car ce n’est pas cette interdiction qui permettra aux petits commerces de vivre, ce sont les clients, c’est-à-dire nous tous. C’est à nous de faire le choix. Il y a deux hypermarchés à moins de cinq minutes en voiture de mon domicile, je passe devant un troisième en me rendant à mon travail… Cela ne m’empêche pas de préférer mon boucher, mon boulanger, mon marchand de primeur ou mon caviste. Et lorsque j’en ai le temps, d’aller au marché. Je persiste et signe : ce n’est qu’une question de choix ! Mais il est vrai que faire un choix implique de faire un effort…
Paradoxalement, ceux-là même qui se réfugient derrière cette solution de facilité sont les premiers à exiger la concertation lorsque leurs petits intérêts personnels semblent menacés. Soyons clairs, par concertation, il faut entendre accéder à leur “légitime demande“ ! Touche pas à mes petits avantages, et qu’importe l’intérêt général !
Et tous les arguments sont bons, même les plus fallacieux. On n’hésite pas à jouer sur la corde sensible, à faire appel aux bonnes consciences.
Quand il est question de mettre une franchise sur chaque boite de médicaments, on évoque celles et ceux qui n’auront plus les moyens de se soigner. Sauf que… la France est championne du monde de consommation de médicaments de confort : va-t-on nous faire croire que ce sont les plus modestes qui usent et abusent d’antidépresseurs ? Ce n’est donc que justice de faire participer à l’effort collectif ceux qui en tirent profit. Mais cet argument n’est pas “politiquement correct“ !
Quand une entreprise souhaite se développer et embaucher, mais que cela s’avère impossible sur son site et qu’elle décide donc de créer une nouvelle unité à quelques kilomètres de là, est-il admissible de voir un député, un élu du peuple, se livrer à un infâme chantage en dénonçant cette délocalisation ? Imaginez donc… 60 kilomètres… le bout du monde ! Et tout le monde applaudit, la presse se fait l’écho de ce “courageux combat“… L’individu en question a même été réélu !
Et comme le Français ne s’intéresse guère à ce qui se passe dans le monde, il n’a aucune conscience du retard considérable que prend notre pays. Il y a deux ans de cela, deux de mes clients (qui ne se connaissaient pas) s’étaient rendus en Chine pour leurs affaires. Tous les deux ont eu cette remarque, dans les mêmes termes : “En rentrant en France, j’avais l’impression de revenir au Moyen Age“. A méditer !