Que le droit de grève soit constitutionnel, que chacun doit pouvoir l’exercer librement… personne ne le remet en cause.
Mais qu’en est-il de ces autres droits, tout aussi constitutionnels, que sont les libertés de circulation et de travailler ?
Qu’il faille revoir le principe des régimes spéciaux de retraites est devenu une évidence pour l’immense majorité des Français, le seul exemple de la SNCF en démontre même l’urgence : 218 000 retraités pour 180 000 actifs cotisants.
Le principe même d’un âge limite m’a toujours semblé absurde, il me paraît nettement plus logique de prendre en compte le nombre d’années effectivement travaillées afin que chacun contribue de manière égale. Ainsi, il me paraît logique de celui qui a commencé à travailler tôt puisse s’arrêter plus tôt, mais que l’on n’empêche pas celui qui est entré plus tard dans le monde de travail d’aller au bout de ses annuités.
Si la pénibilité est un critère qui doit être pris en compte, il y a des moyens de le compenser : que l’on fixe un âge limite d’exercice d’une profession donnée, mais que celui qui se voit ainsi contraint d’arrêter cette activité ne se voit pas obligatoirement condamné à être mis à la retraite. Le conducteur de train, qui n’a plus les réflexes nécessaires, peut ainsi parfaitement être orienté vers d’autres fonctions où son expérience peut être très utile. Après tout, il est admis que nous exercerons tous plusieurs métiers ou fonction au cours d’une carrière, pour ma part, depuis 1985 j’ai connu cinq entreprises, une bonne dizaine de fonctions différentes et trois ans (cumulés) de chômage…
Cette grève ne fait que renforcer ma conviction : l’état doit se recentrer sur ses vraies fonctions que sont la défense, l’éducation et la justice. Tout le reste à vocation à être totalement privatisés, avec des délégations de service public et un cadre parfaitement défini pour garantir ce service public. Et ces délégations seront limitées dans le temps, ainsi une entreprise ne donnant pas satisfaction serait remplacée. Une vraie et saine concurrence au bénéfice des usagers et plus de monopole : le monopole tue le service. Mais pour cela il faudrait une vraie volonté politique et accepter de se mettre à dos (temporairement) toutes les forces conservatrices (et des syndicats à l’extrême gauche, elles sont nombreuses). Et que l’on sorte enfin de ses concertations et négociations aussi interminable qu’inutile : quand on a un mandat du peuple, on l’exerce totalement et sans état d’âme.
Ceci étant, cette “grande journée d’action“ nous aura au moins permis de sourire : quand on habite en province et que l’on n’a pas de train à prendre, le moins que l’on puisse dire est qu’elle est passée totalement inaperçue. Heureusement que je viens d’allumer ma télé, sans quoi je n’aurais même pas été au cours de ce qui ressemble fort à l’ultime baroud d’honneur de syndicats archaïques et ultra-conservateurs : en janvier, le service minimum entre en vigueur, alors accordons leur ce dernier petit plaisir.
PS. Au moment où je m’apprête à publier cet article sont annoncés les chiffres de la participation aux différentes manifestations : un total (pour l’ensemble du pays) de 150 000 (selon la police) ou 300 000 (selon les syndicats)… Même en retenant ce dernier chiffre, nous sommes encore loin de 19 millions qui ont approuvé le programme présidentiel.