Les médias font leurs titres sur les reports de voix, au second tour des cantonales : front républicain ou abstention, comment réagiront les électeurs UMP lorsque leur candidat n’est plus en course ? Mais personne (en dehors des médias locaux) n’a relevé le cas particulier du canton de Kaysersberg, en Alsace, où l’UMP va faire élire un conseiller général Vert (les mauvaises langues disent Marron, entendez mélange de vert et de rouge, tant ses prises de position sont proches de celles de l'extrême gauche), dans un canton très majoritaire à droite et largement prenable par l’actuelle majorité départementale qui aurait ainsi pu renforcer sa position (l’opposition départementale a déjà perdu un siège au premier tour).
Le canton de Kaysersberg avait déjà fait l’objet d’une lutte fratricide en 2004, les résultats du premier tour sont parlant :
Gérard Cronenberger, divers doite : 1 873 voix (23,08%)
Henri Stoll, Verts : 1 751 voix (21,58%)
Thierry Speitel, centriste dissident, 1 704 voix (21,00%)
Hugues Spenlehauer, UDF : 1 255 voix (15,47%)
Valérie Hertzog, FN : 868 voix (10,70%)
Danièle Arnaud, Lutte Ouvrière : 147 voix (1,81%)
Jacques Barthet, Radicaux de gauche : 143 voix (1,76%)
Michel Ingold, extrême droite : 373 voix (4,60%)
Au total, la droite avait donc rassemblé 4 832 voix soit 59,55% des électeurs, la gauche 2 041 voix (25,15%) et l’extrême droite 1 241 voix (15,29%). Une situation, a priori, confortable pour le second tour. Sauf que… les trois candidats de droite se sont maintenus !
Et les résultats s’en sont ressentis :
Henri Stoll : 2 571 voix (31,06%, + 820 voix)
Gérard Cronenberger : 2 283 voix (27,58%, + 410 voix))
Thierry Speitel : 2 271 voix (27,43%, + 567 voix)
Hugues Spenlehauer : 1 153 voix (13,93%, -102 voix)
La gauche avec 2 571 voix (31,06%) gagnait donc 230 voix sur le total de ses voix du premier tour et la droite avec un total de 5 707 voix (68,94%) augmentait également son score de 875 voix ! Il n’y avait eu que 164 suffrages exprimés supplémentaires au second tour, les gains sont donc forcément dus au report des voix d’extrême droite.
En 2011, le mot d’ordre était clair : pas de division à droite ! Le choix du candidat soutenu par l’UMP à fait l’objet de longues études, concertations, tractations… pour aboutir à un candidat Nouveau Centre censé faire l’unanimité. Et à l’arrivée, la situation ressemble beaucoup à celle de 2004 , les extrêmes en moins (tant à gauche qu’à droite) : on retrouve le sortant Vert et un Radical de gauche d’un coté et, de l’autre, une candidate divers droite avec un suppléant UMP, le candidat Nouveau Centre soutenu par l’UMP, et le même dissident qu’en 2004 (car il appartient également au Nouveau Centre). Et le résultat parle de lui-même :
Henri Stoll, Vert : 2 182 voix (33,70%)
Thierry Speitel, Nouveau Centre : 1 796 voix (27,74%)
Richard Fuchs, Nouveau Centre investit par l’UMP : 1 639 voix (25,31%)
Nicole Tisserand, divers droite : 681 voix (10,52%)
Jean-Daniel Reber, Radicaux de gauche : 177 voix (10,52%)
Et le sortant est en tête avec un total des voix de gauche de 2 359 (36,43%) contre 4 116 (63,57%) pour la droite. Une fois de plus, il se confirme que ce canton vote très majoritairement à droite.
Il est donc évident pour tout le monde qu’il est temps d’enterrer la hache de guerre à droite et de s’unir pour un second tour forcément victorieux avec une telle avance.
Et bien, non ! Bien qu’arrivant en troisième position, le candidat “officiel“, se maintient assurant donc une quasi victoire au sortant, largement minoritaire.
Des questions de personnes et d’ego priment sur des considérations politiques. Tout n’est évidemment pas perdu à droite et une prise de conscience des électeurs peut encore les amener à se reporter massivement sur le candidat le mieux placé. Mais, si Henri Stoll est élu, j’espère qu’il aura la courtoisie de remercier ceux qui auront été ses principaux soutiens dans cette élection, je veux bien sûr parler des dirigeants de la fédération du Haut-Rhin de l’UMP.