« Sarkozy a trahi son engagement, les idées qui l’ont porté au pouvoir, pour faire du clientélisme, de la politique de copinage, et du socialisme. Jamais un libéral ne pourra revoter pour Sarkozy, moralement, c’est impossible. »
Ce commentaire, lu ce matin sur un réseau social, résume assez bien une opinion qui semble largement répandue. Est-il pour autant le reflet de la réalité ?
Je ne surprendrais personne en répondant par la négative !
Je ne reviendrais par sur l’importance d’une crise qui a fortement remise en cause le projet présidentiel de 2007. Il suffit d’observer ce qui se passe chez nos voisins européens pour se rendre compte que nous sommes tous, plus ou moins, logés à la même enseigne. Plus ou moins, car, si elle a subi la crise comme les autres, la France s’en sort nettement mieux que la plupart de ses partenaires. Je comprends que ce discours peut être mal reçu par celles et ceux qui ont été personnellement frappés par cette crise, mais les faits sont là : augmentation du chômage, baisse du niveau de vie, croissance en berne… sont, malheureusement, le lot de tous les pays dits développés. En faire porter la responsabilité au seul président de la République relève, pour le moins, de la plus absolue mauvaise foi.
Reste un problème spécifiquement français. Les médias nous ont tellement “bassiné“ avec la notion d’omniprésident que les Français, généralement très mal informés (mais cela est un autre problème), en ont oublié un acteur majeur de notre vie politique : le Parlement !
Combien de projets de loi ont-ils ainsi été amendés, modifiés, vidés de leur substance, voire retoqués par l’Assemblée Nationale ? L’émergence d’un pôle populiste au sein du parti majoritaire n’a été que l’aspect visible d’une réelle divergence entre une partie des élus et le gouvernement. Plus grave même, ces divergences ont fini par contaminer le gouvernement lui-même. Un gouvernement qui, au fil des réajustements, a accueilli des personnalités qui n’étaient plus en phase avec le projet initial. Un gouvernement que l’on pourrait qualifier de “gouvernement de compromis“. Même si l’arrivée de Jean-François Copé a permis de remettre un peu d’ordre dans un parti qui s’étiolait, le mal était fait : l’UMP qui, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, était un véritable parti de débat, où toutes les discussions étaient possibles, où chaque sensibilité avait sa place et le droit à la parole, s’est totalement défaite sous la direction de son successeur. Cerise sur le gâteau, pour favoriser le renouvellement des cadres, une place était même faite aux nouveaux adhérents lors des élections internes. Alors qu’il fallait resserrer les rangs derrière le président de la République, expliquer l’ouverture et les réformes, c’est-à-dire informer et impliquer les militants, le parti a sombré dans une profonde léthargie : l’information se faisait rare (et les réunions plus encore), il n’y avait plus de débats… Le militant n’avait plus aucun repère !
Et, ne comprenant pas (parce que personne ne la lui expliquait) la politique du gouvernement, il se repliait sur ses vieilles habitudes et ses repères d’un autre temps. Alors que d’un côté le président et son gouvernement brisaient de vieux tabous et donnaient un nouveau souffle à la politique, la base se repliait sur ses vieux dogmes et replongeait allègrement dans ses vieilles pratiques.
La division, la fracture, entre “anciens“ et “modernes“ était dès lors inévitable. Et, faute d’écoute et d’échange (ce que permettaient les réunions et débats), les anciennes familles de pensées se reformaient, s’isolaient. Si l’on ajoute à cette division la volonté de certains groupes de prendre le pouvoir en imposant leurs idées (et la cacophonie qui en découlait), on peut comprendre le désarroi du militant de base qui a besoin d’une ligne directrice, d’une vision politique claire.
L’omniprésence dans les médias de la “Droite populaire“ et son activisme forcené au sein de l’Assemblée Nationale ont profondément affecté l’image de l’UMP. En se posant en garants des valeurs supposées du mouvement, ses membres ont tenté (et partiellement réussi) d’imposer des idées ultra-minoritaires, n’hésitant pas à pousser hors du parti celles et ceux qui restaient fidèles à ses vraies valeurs. La création récente d’un collectif d’élus opposés à cette main-mise est intervenue trop tard.
Dans les faits, la situation est simple : depuis trois ans, nous vivons une cohabitation qui ne dit pas son nom. Une cohabitation plus pernicieuse que celles que nous avons connu par le passé, car elle n’est pas perçue par l’immense majorité des Français.
Donc, en clair, faire porter la responsabilité de la situation actuelle au président de la République est une preuve flagrante d’ignorance ou d’une volonté délibérée de ne pas vouloir regarder la vérité en face. Outre la part imputable à la situation financière de l’Europe, suite à la crise, la responsabilité majeure incombe a des élus qui se sont éloignés de leurs engagements, quand ils ne leur ont pas, tout simplement, tourné le dos.
Ceci m’amène, une nouvelle fois, a insister sur l’importance des prochaines élections législatives : si Nicolas Sarkozy devait être réélu, il faudra, cette fois-ci, veiller à lui donner une réelle majorité, fidèle et fiable !