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  • Vérité cachée

    Pré-campagnes oblige, les contrevérités pleuvent !

    Certaines sont particulièrement difficiles à combattre, tant les idées reçues ont été soigneusement entretenues. Le “manque de moyens“ en est un exemple frappant. A en croire certains, toutes les difficultés pourraient être réglées par des moyens supplémentaires. Mais peut-on indéfiniment remplir un tonneau percé ?

    L’Education Nationale en est un bel exemple. Tous ses problèmes viendraient d’un criant manque de moyens…

    Pourtant, les chiffres sont là, évidents, incontestables : jamais l’éducation n’a bénéficier d’autant de moyens. Les dépenses d’éducation représentent 132 milliards d’euros alors que le budget de l’Etat est de 283 milliards d’euros !

    Depuis 1980, ces dépenses ont augmentées de 60 milliards alors que le nombre d’élèves, lui, diminuait parallèlement de 600 000.

    Avec 12 millions d’élèves dans le primaire et le secondaire (écoles publiques et privées confondues) et 852 907 enseignants, le ratio devrait être de 1 professeur pour 14 élèves. Nous en sommes loin ! Dans ce contexte, la suppression de 16 000 postes d’enseignants ne changerait pas grand chose, nous passerions simplement à 1 professeur pour 14,3 élèves en 2012 et 1 pour 14,6 en 2013 ! Rien à voir avec la situation réelle, les classes surchargées, le manque de remplaçants…

    Et cela ne peut en rien expliquer les résultats catastrophiques que l’on peut constater depuis quelques années :

    - Selon les résultats des tests de connaissance de la langue française, obtenus lors de la Journée Défense et Citoyenneté, 30% des élèves qui quittent chaque année l’école après 18 ans de scolarité en moyenne sont des lecteurs mauvais ou médiocres. Ils sont ainsi 240 000 à pouvoir à peine déchiffrer un texte.
    - La plupart sont incapable de faire, de tête, une simple multiplication à deux chiffres.
    - A une dictée du certificat d’études de 1975, 50% des bacheliers d’aujourd’hui obtiennent 0 ou une note négative.
    - Selon un rapport de l’OCDE de 20005,  “la France connaît la plus forte baisse pour les doctorats en sciences et ingénierie“ au monde.

    Alors, qu’en est-il réellement ?

    Sur les 852 907 enseignants payés par l’Education Nationale, combien sont réellement dans des classes, face aux élèves ? Entre les dizaines de milliers de professeurs bénéficiant d’une dispense pour leurs activités syndicales, ceux en surnombre (trop d’enseignants dans une matière par rapport au nombre de postes), les remplaçants qui ne sont jamais activés, ceux qui sont détachés dans d’autres administrations, les formations en cours d’année scolaire, les congés maladie… Combien sont-ils ?

    Quelqu’un connaît-il ce chiffre ? J’en doute, tant la gestion des effectifs est catastrophique. J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici, la Cour des Comptes estimait, dans un rapport de 2005, la perte due à cette gestion catastrophique à 1,5 milliard d’euros par an.

    Reste un autre problème dont personne de parle jamais, surtout pas les syndicats, l’administrations pléthorique, 126 915 fonctionnaires non-enseignants ! Un chiffre qui ne comprend pas les personnels techniques (employés par les collectivités locales), ni les assistants d’éducation (que l’on appelait surveillants à mon époque). Un administratif pour 6,7 enseignants ! Si on les rassemblait dans une même ville, celle-ci se placerait au 29ème rang nationale devant Metz !

    Quel constat peut-on tirer de tous ces chiffres ? Il paraît évident : l’augmentation de moyens n’est certainement pas la solution. Seule une vraie réforme en profondeur de l’Education Nationale, de son fonctionnement, de son administration, de sa gestion des effectifs pourrait améliorer la situation. Et il serait alors enfin possible de s’attaquer au vrai problème, celui de l’enseignement, en revenant sur les fondamentaux et en mettant un terme à la succession de réformes qui ont conduit à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd’hui.

  • Eva Joly, le 11 novembre et l'Europe

    Décidément, Madame Joly ne rate pas une occasion !

    Une fois de plus, elle n’a rien compris : «Je voudrais (...) que nous arrêtions de penser que c’est l’Allemagne qui a perdu la guerre, que c’est la France qui l’a gagnée, et que nous nous concentrions sur l’essentiel, l’espoir européen». 

    A-t-elle déjà participé à une cérémonie du 11 novembre ? A lire ses réactions, on pourrait fortement en douter : il y a bien longtemps que le sens de la commémoration a changé ! Il y a bien longtemps que l’on ne commémore plus la victoire, mais le retour de la paix. Il y a bien longtemps que la cérémonie a perdu son caractère guerrier et revanchard (comme cela a pu être le cas dans l’immédiat après-guerre) pour devenir un hommage à ceux qui ont donné leur vie, quelque soit leur nationalité. C’est bien ainsi que l’entendait le Président Sarkozy lorsqu’il invitait la Chancelière Merkel à la cérémonie du 11 novembre 2009.

    La volonté de Madame Joly d’en faire une “journée européenne pour la paix“ est une autre preuve de sa méconnaissance des diverses pratiques européennes. Peut-on sérieusement imaginer imposer cette idée à nos partenaires ? Je ne vois pas nos voisins allemands adopter une telle journée, alors que le 11 novembre est traditionnellement le jour d’ouverture de… la saison carnavalesque !

    Et, bien qu’en France cette date passe généralement inaperçue, il existe déjà une journée de l’Europe. C’est le 9 mai !

    Après avoir essayé de nous convaincre que la France était le dernier pays à célébrer sa fête nationale par un défilé militaire (alors que c’est le cas de la plupart de nos voisins, comme je l’ai montré dans un précédent article), Madame Joly a, une nouvelle fois, fait preuve d’un surprenant manque de connaissances, tant de nos traditions que des pratiques de nos partenaires européens. Sur ce dernier point, je me garderais bien de lui jeter la pierre : elle est loin d’être la seule dans ce cas ! Le monde politique, dans son ensemble, manifeste la même méconnaissance voire la même indifférence : dans l’ordre protocolaire, les députés européens arrivent au quatorzième rang, derrière les députés nationaux et les sénateurs, alors que les lois qu’ils votent priment sur celles votées par notre parlement national. Pour nombre d’entre eux, devenir député européen relève davantage d’une mise à l’écart ou d’une pré-retraite dorée que d’un réel engagement. Et sur la manière dont l’Europe est traitée par les médias français, il y aurait beaucoup à dire : les journaux télévisés ne nous épargnent aucun incident à l’Assemblée Nationale, mais combien de fois a-t-on pu voir un débat au Parlement Européen ? Les présidents des différents groupes de l’Assemblée ou du Sénat sont régulièrement invités à s’exprimer, mais qui connaît Joseph Daul, le président français du groupe majoritaire au Parlement Européen ?

    Sur ce plan-là, Madame Joly n’est donc guère plus à blâmer que ses “confrères“, si ce n’est qu’elle représente un parti qui se veut européen : ne s’appelle-t-il pas Europe Ecologie ?

  • Enseignement : chiffrage à revoir !

    François Hollande annonce la création de 60 000 à 70 000 postes d’enseignants sur 5 ans, mesure chiffrée à 2,5 milliards (soit 500 millions par an). Mais, dans ce calcul, je relève un léger problème.

    Reprenons-le et, pour être le plus objectif possible, basons-nous sur le seul salaire (environ 20 500 € brut pour un enseignant débutant) et sur la valeur basse de la fourchette, soit 60 000 postes créés. Cela représenterait donc 246 millions par an :
    - Année 1, le calcul est simple : 246 millions
    - Année 2 : 246 millions pour les 12 000 enseignants embauchés en année 2, mais également 246 millions pour ceux embauchés en année 1 (qui continuent à être payés !) soit 492 millions
    - Année 3 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 492 pour les 24 000 précédents, soit 738 millions
    - Année 4 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 738 pour les 36 000 précédents, soit 984 millions
    - Année 5 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 984 millions pour les 36 000 précédents, soit 1,23 milliard
    Soit un total pour les 5 ans de 3,69 milliards 

    Donc, et encore une foi sur la seule base du salaire et pour 60 000 enseignants, la mesure coûterait au minimum 3,69 milliards et non 2,5. Un minimum tout à fait improbable, car aux salaires il convient d’ajouter les différentes indemnités, les frais annexes (matériel, etc.), les changements d’échelons des premiers embauchés… qui dépendent de facteurs difficiles à prendre en compte ici et qui ferait exploser notre estimation.

    La démonstration est faite que la mesure coûtera donc nettement plus que les 2,5 milliards annoncés. Elle devient encore plus éclatant si on se base sur le chiffre avancé de 500 millions par an :Année 1 : 500 millionsAnnée 2 : 1 milliardAnnée 3 : 1,5 milliardAnnée 4 : 2 milliardsAnnée 5 : 2,5 milliardsTotal sur 5 ans : 7,5 milliards.

    Là encore, l’honnêteté m’oblige a dire qu’une partie de cette mesure devrait être financée par la suppression de postes dans d’autres secteurs. Mais lesquels ?

    Il y a pourtant une réelle source d’économies à faire au sein même de l’Education Nationale. Je veux parler de ces professeurs sans affectation, ou fonction pédagogique. La Cour des Comptes avait estimé leur coût annuel à 1,5 milliard d’euros. Nous avons d’un côté des classes qui ne voient jamais de remplaçant, d’un autre des remplaçants qui ne sont jamais activés. Ou encore des professeurs en excédant dans certaines matières alors qu’il y a un manque criant dans d’autres. S’il devait y avoir une réforme prioritaire, c’est celle de la gestion du personnel !

    Dernier point de détail que personne ne semble avoir relevé : la durée… Le chiffre porte sur une durée de 5 ans : depuis quand embauche-t-on un fonctionnaire pour 5 ans ? Les 1,23 milliards de l'année 5 ne disparaîtront pas, comme par miracle, l'année suivante. Ils augmenteront même avec l'évolution naturelle des salaires, les changements d'échelons, etc. Et ceci pendant les 40 ans que durent une carrière de fonctionnaire. Et même au-delà, puisque l'Etat, ne cotisationt pas aux caisses de retraite, payent directement ces retraites sur son budget ! L'engagement ne porte donc pas sur 5 ans mais sur près de 70 !