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Maîtriser la communication

Pour une fois, je vais coiffer ma casquette professionnelle, celle du “communiquant“ fort de ses vingt-sept ans d’expérience en publicité (et même trente-cinq si l’on compte les études et les stages), avec une formation complémentaire en communication politique. Et le jugement du professionnel est sans appel : dans cette campagne présidentielle, la communication, de part et d’autre, est d’une affligeante nullité !

Alors que chaque camp semble être conscient de cet état de fait et le déplorer, aucun ne prend la responsabilité d’y remédier, préférant surenchérir dans l’attaque. Et sur ce plan, chacun fait donner l’artillerie lourde (une ex-future-candidate n’a-t-elle pas parlé de “bombe atomique“ ?).

Je fréquente de nombreux forums, et là ce ne sont qu’invectives et injures…
C’est, évidemment, inévitable sur ce genre de média et je suis donc loin d’être surpris, mais ce qui est nouveau c’est l’absence quasi-totale de toute argumentation. Même lors des échanges, parfois très vifs, qu’avait suscitée la campagne pour l’adoption du traité européen (la première vraiment relayée sur le net) l’argument l’emportait sur l’injure.
Et je ne parle même pas de ces longues litanies qui fleurissent sur des blogs (toujours accompagnées d’un “A faire largement circuler“) qui ne font que véhiculer des contre-vérités manifestes ou de vagues rumeurs… J’ai eu l’occasion, il y a quelques jours, d’en démonter une, point par point, chiffres et sources à l’appui, cela m’a valu une réponse aussi courte que significative : « Je suis sûr de ce que je dis, je l’ai lu sur le net » ! Que répondre à cela ? Soit dit en passant, j’ai trouvé l’origine de ce texte précis (à diffuser largement), un blog de militant, qui, évidemment, ne renvoyait à aucune source justifiant ses (fausses) affirmations. Et pour cause !

Le plus grave est que ce climat délétère au sommet s’amplifie pour devenir franchement nauséabond à la base. La souhaitable sérénité du débat républicain semble relever d’une douce utopie. Mais tout cela repose sur un manque criant de “vraie“ communication  au cours des cinq dernières années. Et là aussi, de part en d’autre.
A droite, une absence de communication sur la politique gouvernementale, l’ouverture, les réformes… a peu à peu créé un fossé entre le militant de base et le gouvernement, le premier (ancré dans ses vieux schémas) ne comprenant pas l’action du second.
A gauche, une communication “écran de fumée“ basée sur une personnalisation excessive et des attaques violentes, masquait le désarroi face à l’impossibilité d’offrir des réelles solutions alternatives et l’incompréhension des transformation profondes que vivaient notre société.

Proposition, contre-proposition. Cela semble pourtant simple. Trop, sans doute.
Je ne jette pas la pierre à mes confrères, il n’est pas évident d’être partie prenante (ce qui est souvent le cas) et d’avoir, en même temps, le recul indispensable. Ce l’est encore moins lorsque l’on est immergé dans un milieu politico-médiatique lui-même déconnecté du terrain.

Mais il n’est peut-être pas encore trop tard pour réagir, malgré un frein de taille, Twitter. Cela n’a l’air de rien, mais essayez d’argumenter quand vous ne disposez que de 140 signes !

Reste une question de forme : plutôt que de dénoncer un mensonge, démontrer en quoi une proposition est inapplicable et, surtout, proposer une alternative… crédible !
Reconnaissons que certains s’y emploient, mais cela reste trop confidentiel et n’est guère accessible que pour un internaute confirmé et qui souhaite trouver cette information. Autant dire, quelqu’un de déjà acquis à la cause.
Le militant de base, lui, ne fait pas cet effort. L’information, il faut la lui mettre sous le nez ! Et, inlassablement, enfoncer le clou…
Inutile de préciser que si tant d’efforts sont nécessaires pour informer le militant (théoriquement plus réceptif), la tâche est encore plus difficile lorsqu’il s’agit de l’électeur moyen, désabusé et à la limite de la “politicophobie“.

Qu’elle est alors la solution ?
Une communication de crise basique !
Celle-ci demande une certaine lucidité puisqu’elle implique également d’assumer une part d’erreurs ou d’échecs, mais c’est la seule encore capable de redonner confiance.

Le premier qui l’aura compris aura fait un grand pas vers la victoire.

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