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Contre, résolument contre, la proportionnelle aux législatives.

Je connais bien l’argument en faveur d’un changement de scrutin : une représentation plus juste, plus équitable, de l’ensemble de toutes les forces politiques. Mais, au delà de cette revendication, légitime, a-t-on mesuré l’impact sur le lien qui existe entre un député et sa circonscription ?

Aujourd’hui, si j’ai besoin de faire appel à un député, je sais à qui m’adresser : que j’ai ou non voté pour lui, c’est tout naturellement vers celui de ma circonscription que je vais me tourner. Si, demain, les députés étaient élus sur une liste, comment choisir celui auquel faire part de ses doléances ? A priori, chacun se tournerait vers celui qui est le plus proche de ses idées. Mais celui-ci serait-il aussi facilement accessible qu’un élu réellement de proximité ? Car c’est bien là le fond du problème.

Un député, une circonscription… les choses sont simples. Il connaît son territoire et ses problèmes. Et tous les territoires, urbains ou ruraux, sont représentés. Cela ne sera évidemment plus possible dans le cas d’un scrutin de liste. Détail anecdotique certes, mais édifiant : lors d’une manifestation, aujourd’hui, on invite le député local. Mais demain ? Il faudra, logiquement, les inviter tous. Tous devront pouvoir prendre la parole ! Et dans le cas d’une inauguration, faudra-t-il tous les aligner face au ruban à couper ?

Plus sérieusement, au moment où le fossé entre les élus et les électeurs n’a jamais été aussi grand, rompre le dernier lien de proximité ne me semble pas aller dans le bon sens. Un autre argument qui plaide contre la proportionnelle est qu’un scrutin de liste fermerait la porte aux candidats indépendants. Aujourd’hui, n’importe qui peut se présenter. Un scrutin de liste ne le permettrait plus, les partis politiques seraient les seuls à décider qui se présenterait ou pas. Faut-il pour autant renoncer à la représentativité ? Certainement pas et une solution me semble évidente : la réforme du Sénat !

Voilà une chambre élue sur un mode totalement dépassé. Rapprochons-là du peuple, faisons des sénateurs des élus comme les autres, soumis au suffrage universel direct par un scrutin de liste par département. Le principe ne changerait pas, seul le mode de scrutin serait plus large, universel et à un tour. Nous aurions alors une vraie assemblée représentative. Et on peut même imaginer une élection parlementaire au cours de laquelle les membres des deux assemblées seraient élus en même temps. Et dans ce cadre-là, le non cumul des mandats pour les élus nationaux prend tout son sens et ils pourront se consacrent totalement à leur mandat et tenir réellement leurs permanences locales.

N’est-il pas étrange que ceux-là mêmes qui dénoncent le fonctionnement des appareils politiques réclament à cor et à cri la proportionnelle qui ne fera que renforcer la prédominance des partis constitués ?
Comment ne pas soulever la contradiction entre le reproche fait aux grands partis d’être éloignés du terrain et la volonté manifeste de rompre le dernier lien qui existe entre un élu national et son électorat ?
Est-il vraiment plus démocratique d’assurer une représentation proportionnelle en retirant au simple citoyen la possibilité de présenter sa candidature ?

Les Français se passionnent pour la vie politique : l’instauration de la proportionnelle ne fera que creuser irrémédiablement le fossé entre les électeurs (s’il en reste) et les élus.

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