A en croire les sondages, une grande majorité des électeurs de l’UMP souhaitent un rapprochement avec le FN.
Un résultat qui me laisse songeur et m’amène à me poser une question : d’où sortent ces électeurs ? Et quels arguments peuvent-ils faire valoir pour justifier un tel rapprochement ? Car se déclarer de droite, ou contre la gauche, ne peut être le seul élément décisif.
Ce clivage n’a plus vraiment de sens : même s’il reste de profondes divergences entre les deux “clans“ traditionnels, il y a aussi des valeurs communes alors qu’à l’intérieur même de chacun d’entre eux, les différences, voire les oppositions, sur ces mêmes valeurs sont parfois radicales.
Si, en tant que militant UMP, j’avais à choisir entre un candidat Debout le République (clairement à droite) et un candidat socialiste, le choix serait-il évident ? Je ne peux, évidemment, pas approuver les choix économiques du PS. Sur la plupart des points sont programme va à l’encontre de mes convictions. Mais comment pourrais-je voter pour un candidat avec lequel je n’ai pas plus d’affinités ? Un candidat qui base son programme sur un rejet de l’Europe, sujet qui, pour moi, est primordial. Un candidat qui représente une vision totalement dépassée de la politique.
J’en ai un parfait exemple dans ma circonscription : un candidat jeune (il a 20 ans) mais déjà totalement ringard, adepte de la langue de bois et des formules toutes faites, qui ne fait que reprendre les thèmes nationaux portés par un leader tout aussi ringard. Le contraste est saisissant avec cet autre candidat (d’une autre circonscription), 24 ans, qui, lui, tient un discours beaucoup plus personnel, mène une campagne originale sans se prendre au sérieux, tout en étant très sérieux sur le fond et en répondant de manière extrêmement claire et argumentée aux questions qui lui sont posées. Le passé et l’avenir. Un sérieux de façade, mais sans fond, contre une apparente désinvolture, mais avec de vraies idées.
Le problème est le même avec le Front National : des déclarations vides de sens, des formules toutes faites destinées à flatter un électorat qui n’a surtout pas envie d’aller au fond des choses, un programme économique catastrophique et inapplicable… Le populisme et la démagogie dans toute sa splendeur. Et surtout, un parti qui surfe sur un malentendu soigneusement entretenu : le score obtenu par Marine Le Pen n’est pas, loin de là, représentatif de la véritable “force“ du FN. Pas plus que celui de François Bayrou, lors de l’élection précédente, ne l’était d’un “retour“ du centre. Il est surtout le reflet d’un vote de protestation, voir même, j’ose le mot, de bêtise ! Arrêtons de dire qu’il faut comprendre les électeurs du FN, ne pas les confondre avec les militants… Je ne comprendrais jamais que l’on puisse voter pour le néant !
Et soyons clairs, le but du FN, aujourd'hui, est simple : obtenir le plus de voix possibles pour assurer un financement que son faible nombre de militants ne permet d'assurer. Pour mémoire, je rappelle la partie de la règle du financement public qui nous intéresse ici : tout parti ayant obtenu au moins 1% des suffrages exprimés dans 50 circonscriptions touche 1,63€ par voix et par an pendant la législature.
Dans une région qui, plus qu’une autre, a subi les conséquences de l’extrémisme, une région profondément ancrée dans l’Europe, voir de petites communes rurales (qui n’ont donc pas l’excuse toute faite de problèmes liés à l’immigration) voter FN, me révolte, me dégoûte ! Autant dire que si, un jour, je devais être confronté au choix qui risque de se poser dans plusieurs circonscriptions, je n’hésiterais pas une seule seconde entre un candidat républicain, dont je ne cautionne pas le programme économique, et un candidat qui représente tout ce contre quoi je me suis toujours battu !