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  • Radicalisation de l'UMP

    L’analyse de l’ensemble des sondages sur des questions de société, publiés au cours des derniers mois, met un évidence un phénomène nouveau.

    Avant d’en arriver au sujet, il faut, une nouvelle fois, préciser que les échantillons sont triés par sympathie politique et non par appartenance. De possibles électeurs, pas des militants. Cela a son importance, car, comme on a pu le constater par le passé, les militants n’ont pas nécessairement le même point de vue que les sympathisants.

    Revenons-en à ce phénomène nouveau : les sympathisants UMP s’avèrent plus radicaux dans leurs prises de positions que ceux du Front National ! Et les écarts sont parfois très importants.

    Position sur le mariage

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    Position sur l’adoption

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    Evolution sur le mariage

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    Evolution sur l’adoption

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  • Le mariage pour tous : une évidence !

    Cela fait un peu plus de 6 ans que j’étudie et analyse, professionnellement, tous les sondages et toutes les études sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe et le constat est sans appel : contrairement à ce qu’affirment bon nombre d’opposants (qui exhibent, à l’appui de leur thèse, les pseudo sondages en ligne de divers sites de médias), les Français sont très largement favorables au mariage et divisés sur l’adoption (avec une tendance légèrement majoritaire).

    Les courbes des TOUS les instituts confirment une tendance qui n’a fait que croître au cours des 10 dernières années. Certes, il y a eu un léger infléchissement quand le débat à commencer à s’envenimer avec des prises de positions, parfois caricaturales, de dirigeants politiques ou religieux, mais il est intéressant de noter qu’avant cet emballement, quand le débat était encore serein, le mariage était également approuvé chez les sympathisant de droite (51% pour, 47% contre, 2% sans opinion).
    Tout aussi intéressant, les motivations de certains : après les déclarations de leurs leaders, nombre de “très favorables“ ont basculé vers “totalement opposés“. Rien d’étonnant en soi, tant la culture de “suivisme du chef“ d’une frange des militants de droite est ancrée dans leurs habitudes. Un suivisme d'autant plus important que beaucoup n'ont qu'une vision très floue d'un problème qui ne les concerne (le plus souvent) pas directement.
    Le résultat est là : d’une courte majorité, les “pour“ ne représentent plus qu’un tiers ! Et avec 33% de “pour“, l’UMP se place bonne dernière de tous les partis politiques, loin derrière le Front National dont 42% des sympathisants approuvent le mariage ! Les sympathisants de toutes les autres formations (y compris de droite et du centre), ainsi que ceux qui ne se reconnaissent dans aucun parti, restent très largement favorables.

    Autre point marquant, qui n’a jamais varié au cours de ces années, les moins de 50 ans ont toujours été largement favorables, les plus de 65 ans toujours opposés, la tranche intermédiaire fluctuant autour du 50-50. Et contrairement aux idées reçues, la province à toujours été nettement plus favorable que la région parisienne. Quant aux catégories sociaux professionnelles, aucune surprise : la seule qui y soit opposé est celle des retraités (ce qui est cohérent avec les tranches d’âge).
    Les Français y sont donc favorables, le nier et pratiquer la politique de l’autruche ne sert à rien.
    Appeler à manifester non plus, sinon à se rendre ridicule (mais là, comme les sommets ont été atteints ces temps-ci, un peu plus n’aura pas beaucoup d’effet).

    Reste l’argument ultime : le référendum ! Puisque les Français y sont favorables, pourquoi ne pas en organiser un ?
    Outre des problèmes constitutionnels évoqués par certains spécialistes (mais là, l’analyste n’a pas à prendre position), il se heurterait à un phénomène purement franco-français : nous avons l’habitude, non pas de répondre à la question posée, mais à celle que nous aurions aimé que l’on nous posât !
    En clair, un référendum se transformerait en vote pour ou contre la politique du Président de la République et du gouvernement. Toutes celles et tous ceux qui ne se sentent pas directement concernés par le vrai sujet (et ils sont nombreux) y verraient l’occasion de manifester leur mécontentement. Tant pis pour les conséquences pour celles et ceux qui attendent depuis longtemps une vraie reconnaissance de leur situation. Et je pense en particulier aux dizaines de milliers d’enfants qui vivent aujourd’hui déjà au sein d’une famille homoparentale non reconnue et dont la situation juridique est des plus précaires.

    Certes, l’adoption ne recueille pas le même assentiment que le mariage, même si, là aussi, une majorité s’était dégagée en sa faveur. Les dernières études montrent un léger recul global, essentiellement dû à une forte régression des “pour“ à droite (-20% en un mois !).
    Les résultats des plus récents sondages sont toutefois à prendre avec précaution, les chutes dans plusieurs catégories étant en total décalage avec la progression régulière des dernières années. Il n’est pas illogique de voir dans ce pic un effet de l’emballement médiatique et, là encore, des diverses prises de position. Il faudra attendre de voir si la tendance se confirme ou si elle se rétablit au niveau précédent (ce ne devrait toutefois pas être le cas dans l’immédiat, la mobilisation des opposants étant soigneusement entretenue alors que celles des partisans à tardé à se faire).

    La politisation extrême du débat brouille également les cartes, le PS et des organisations qui sont perçues comme étant de gauche appelant à manifester “pour“, l’UMP appelant à manifester "contre". Une simplification qui arrange les médias : un duel gauche-droite est plus simple à expliquer et davantage dans notre culture.
    Les militants UMP présents lors de la manifestation “de gauche“ ont, le plus souvent, été totalement occultés, d’autres n’y ont pas participé justement parce qu’elle était classée à gauche. J’imagine que des militants socialistes, opposés à cette réforme, auront les mêmes scrupules à “cautionner“ la manifestation de l’UMP de janvier.

    Indépendamment de toutes ces considérations, il faut aussi regarder ce qui se passe au-delà de nos frontières. Pour ne prendre que nos voisins immédiats, ni l’Espagne, ni la Belgique n’ont sombré dans le stupre et la perversité annoncé par certains qui nous promettent les pires dérives.
    Les moeurs ont évolué, la société s’est adaptée, sans bouleversement.

    Il n’y a pas si longtemps, l’UMP prônait l’expérimentation. Celle-ci a eu lieu. Nous avons le recul suffisant pour analyser la situation. Sereinement, sans parti pris. Pourquoi ne pas le faire ?

    A moins que les enjeux soient ailleurs…

    Qui a parlé “d’instrumentaliser le débat“ ?

  • Histoire de rump…

    Alors que le RUMP est officiellement sur les rails, il est intéressant de noter que c'est presque un anniversaire. Bon, d'accord, nous ne parlons pas du même “rump”, et pourtant…

    Le 6 décembre 1648 à Londres, le rump parliament, le parlement croupion, siège pour la première fois. Pour faire simple, après la victoire des troupes parlementaires sur les troupes royalistes, un certain nombre de députés continuent à discuter avec le roi. Les éléments les plus radicaux de l'armée, du côté des parlementaires, exigent que soit prononcé la déchéance du roi. Ils adressent donc une “remontrance“ dans ce sens au Parlement qui la repousse par 125 voix contre 58, le 1er décembre.

    N'ayant pas obtenu satisfaction légalement, les troupes bloquent l'accès au Parlement n'y laissant pénétrer que les députés leur étant favorables. C'est ce “reste“ de parlement qui a été qualifié de rump, croupion. Et le croupion joue son rôle, fidèlement : le roi est déchu, il sera jugé et exécuté.

    Puis, peu à peu, ses députes se prennent à leur propre jeu : ils refusent la dissolution du Parlement, exigée par l'armée afin d'organiser de nouvelles élections, et proclament la république dont l'exécutif est confié au Conseil d'Etat qu'il pense contrôler. C'est compter sans l'armée, la base de ce régime, qui met un terme au rump parliament en 1649, en chassant les députés et en constituant un nouveau Conseil d'Etat qui nomme de nouveaux parlementaires.

    Parlementaires divisés, un roi soutenu par une partie d'entres eux et déchu par l'autre, refus d'organiser de nouvelles élection… et création du “croupion“ ! Il y a 364 ans… déjà !
    Quand on voit comment cela s'est terminé, pour le rump parliament, mais également pour l'éphémère république britannique qu'il a instauré, cela devrait en faire réfléchir certains !