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  • Deux poids, deux mesures

    D’un coté, une déclaration d’un homme politique. De l’autre l’évacuation d’un squat.
    Deux événements qu’a priori rien ne relie. Mais deux manières, bien différentes, de traiter l’information.

     Lorsque Christian Jacob déclare que Dominique Strauss-Kahn n’est « pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché », certains crient à l’antisémitisme. J’ai même lu un commentaire qui enfonce le clou en précisant : « comprendre sous les mots que c’est un sale apatride juif et n’oublions pas que seule la terre ne ment pas ». Si j’en étais l’auteur, je me poserais des questions sur ma perception du monde qui m’entoure. Je rappellerais simplement que Christian Jacob est agriculteur, qu’il a été syndicaliste agricole, président de la commission de l’agriculture et du développement rural du Conseil économique et social… qu’il soit attaché à l’image de “la France rurale, France des terroirs et des territoires“ est donc une évidence. Que Dominique Strauss-Kahn soit très éloigné de cette image-là en est une autre.  C’est même un reproche qui lui est adressé depuis fort longtemps et, jusqu’à ce jour, cela n’’a jamais soulevé la moindre protestation. Soyons honnête, DSK n’est pas le seul dans ce cas, et le même reproche a été fait à Edouard Balladur, Raymond Barre ou Laurent Fabius. Et rappelons-nous des sarcasmes qui ont accompagnés les tentatives de parachutage en province de Jack Lang, autre figure emblématique du citadin peu à l’aise dans nos campagnes (malgré de louables efforts de sa part, reconnaissons-le). Allons plus loin, notre Président de la République, même s’il sait s’y montrer à l’aise, n’est pas davantage représentatif de cette France profonde. La presse l’a largement souligné lors de sa première visite présidentielle au Salon de l’Agriculture. Mais là, ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie, s’en gaussaient. Alors, oui, DSK  n’est pas à l’image de cette France-là, il représente cette haute bourgeoisie parisienne qui n’est généralement guère appréciée au fin fond de la province : on ne peut pas plaire à tout le monde. Et ses actes ne plaident pas en sa faveur : parachuté en Haute-Savoie, à l’occasion des élections législatives de 1986, contre l’avis des militants locaux mais imposé par la direction parisienne, il ne doit son élection qu’au scrutin proportionnel. A la première occasion, deux ans plus tard lors des législatives de 1988, il regagne des terres plus familières et plus hospitalières, le Val-d’Oise.

    Toujours est-il que cette déclaration a été largement reprise et commentée (Des commentaires, soit dit en passant, qui en disent plus long sur l'esprit étriqué des commentateurs qui ne voient le monde qu'à travers le filtre déformant de leurs propres idées).

    Ce qui n’est pas le cas de la seconde affaire.

    Le lundi 21 février, des membres du collectif “Jeudi Noir“ qui tentaient d’occuper un immeuble appartenant à l’Etat gabonais, au 51 rue de l’Université, ont aussitôt été expulsés par les forces de l’ordre. De cela, la presse s’est faite l’écho. Mais elle n’est pas allée au-delà de la diffusion des protestations d’usage. Et pourtant… Les vérifications d’identité ont livrés des résultats surprenants : l’assistant parlementaire de Noël Mamère, trois chargés de mission au Conseil Régional d’Ile de France, le directeur de cabinet d’Europe Ecologie, le directeur de cabinet du groupe Front de Gauche au Conseil Régional d’Ile-de-France, des journalistes de la revue Projet et d’Alternatives Economiques, trois autres pigistes…

    On peut comprendre que la presse n’ai pas souhaité ébruiter ces détails, après tout l’assistant parlementaire de Noël Mamère n’était peut-être que de passage (l’Assemblée Nationale est voisine), tout comme les chargés de missions dont les bureaux ne sont guère éloignés. De passage aussi, les deux directeurs de cabinets venu simplement apporter leur soutien. Quant aux journalistes, ils ne faisaient certainement que leur métier en essayant d’être au coeur de l’action (personne n’a jamais insinué qu’ils y prenaient part). Je veux bien admettre que ce ne sont que de simples coïncidences, mais imaginons une seconde que, dans une situation semblable, ces passants aient été de droite… Je n’ose imaginer les gros titres et les réactions indignées !