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  • Canton de Kaysersberg : les jeux sont faits !

    Rappel du premier tour :
    Henri Stoll, Vert : 2 182 voix (33,70%)
    Thierry Speitel, Nouveau Centre : 1 796 voix (27,74%)
    Richard Fuchs, Nouveau Centre investit par l’UMP : 1 639 voix (25,31%)
    Nicole Tisserand, divers droite : 681 voix (10,52%)
    Jean-Daniel Reber, Radicaux de gauche : 177 voix (10,52%)
    Ce qui nous donnait un total des voix de gauche de 2 359 (36,43%) contre 4 116 (63,57%) pour la droite, confirmant que ce canton vote très majoritairement à droite.

     Et bien, le second tour a été conforme à ce qui semblait se dessiner après la décision de l’UMP de maintenir son candidat arrivé troisième.

    Henri Stoll : 2 557 voix ( 37,59 %) soit 375 voix de plus

    Richard Fuchs : 2 124 voix (31,22 %), 485 voix de plus

    Thierry Speitel (SE) : 2 122 voix (31,19 %),  327 voix de plus

    Il y a eu 328 électeurs de plus par rapport au premier tour.

    Dans le cadre d’un strict report des voix exprimées au premier tour, Henri Stoll pouvait compter sur 2 359 voix, il en obtient 198 de plus. Quant à la droite qui avait rassemblée 4 116 voix sur trois candidats, elles en récolte 4 2476, soit 130 de plus : 198 d’un côté et 130 de l’autre, nous avons là le nombre d’électeurs supplémentaires et la preuve que le sortant a su légèrement mieux mobiliser les rares abstentionnistes du premier tour qui se sont déplacés pour le second.

    La répartition gauche/droite reste sensiblement la même 37,59% pour la première, 62,41% pour la seconde.

    Je me répète peut-être, mais Henri Stoll peut remercier l’UMP de lui avoir offert sur un plateau un canton toujours très majoritairement à droite !

  • Un Vert élu grâce à UMP ?

    Les médias font leurs titres sur les reports de voix, au second tour des cantonales : front républicain ou abstention, comment réagiront les électeurs UMP lorsque leur candidat n’est plus en course ? Mais personne (en dehors des médias locaux) n’a relevé le cas particulier du canton de Kaysersberg, en Alsace, où l’UMP va faire élire un conseiller général Vert (les mauvaises langues disent Marron, entendez mélange de vert et de rouge, tant ses prises de position sont proches de celles de l'extrême gauche), dans un canton très majoritaire à droite et largement prenable par l’actuelle majorité départementale qui aurait ainsi pu renforcer sa position (l’opposition départementale a déjà perdu un siège au premier tour).

     Le canton de Kaysersberg avait déjà fait l’objet d’une lutte fratricide en 2004, les résultats du premier tour sont parlant :

    Gérard Cronenberger, divers doite : 1 873 voix (23,08%)

    Henri Stoll, Verts : 1 751 voix (21,58%)

    Thierry Speitel, centriste dissident, 1 704 voix (21,00%)

    Hugues Spenlehauer, UDF : 1 255 voix (15,47%)

    Valérie Hertzog, FN : 868 voix (10,70%)

    Danièle Arnaud, Lutte Ouvrière : 147 voix (1,81%)

    Jacques Barthet, Radicaux de gauche : 143 voix (1,76%)

    Michel Ingold, extrême droite : 373 voix (4,60%)

    Au total, la droite avait donc rassemblé 4 832 voix soit 59,55% des électeurs, la gauche 2 041 voix (25,15%) et l’extrême droite 1 241 voix (15,29%). Une situation, a priori, confortable pour le second tour. Sauf que… les trois candidats de droite se sont maintenus !

    Et les résultats s’en sont ressentis :

    Henri Stoll : 2 571 voix (31,06%, + 820 voix)

    Gérard Cronenberger : 2 283 voix (27,58%, + 410 voix))

    Thierry Speitel : 2 271 voix (27,43%, + 567 voix)

    Hugues Spenlehauer : 1 153 voix (13,93%, -102 voix)

     La gauche avec 2 571 voix (31,06%) gagnait donc 230 voix sur le total de ses voix du premier tour et la droite avec un total de 5 707 voix (68,94%) augmentait également son score de 875 voix ! Il n’y avait eu que 164 suffrages exprimés supplémentaires au second tour, les gains sont donc forcément dus au report des voix d’extrême droite. 

    En 2011, le mot d’ordre était clair : pas de division à droite ! Le choix du candidat soutenu par l’UMP à fait l’objet de longues études, concertations, tractations… pour aboutir à un candidat Nouveau Centre censé faire l’unanimité. Et à l’arrivée,  la situation ressemble beaucoup à celle de 2004 , les extrêmes en moins (tant à gauche qu’à droite) : on retrouve le sortant Vert et un Radical de gauche d’un coté et, de l’autre, une candidate divers droite avec un suppléant UMP, le candidat Nouveau Centre soutenu par l’UMP, et le même dissident qu’en 2004 (car il appartient également au Nouveau Centre). Et le résultat parle de lui-même :

    Henri Stoll, Vert : 2 182 voix (33,70%)

    Thierry Speitel, Nouveau Centre : 1 796 voix (27,74%)

    Richard Fuchs, Nouveau Centre investit par l’UMP : 1 639 voix (25,31%)

    Nicole Tisserand, divers droite : 681 voix (10,52%)

    Jean-Daniel Reber, Radicaux de gauche : 177 voix (10,52%)

    Et le sortant est en tête avec un total des voix de gauche de 2 359 (36,43%) contre 4 116 (63,57%) pour la droite. Une fois de plus, il se confirme que ce canton vote très majoritairement à droite. 

    Il est donc évident pour tout le monde qu’il est temps d’enterrer la hache de guerre à droite et de s’unir pour un second tour forcément victorieux avec une telle avance.

    Et bien, non ! Bien qu’arrivant en troisième position, le candidat “officiel“, se maintient assurant donc une quasi victoire au sortant, largement minoritaire.

    Des questions de personnes et d’ego priment sur des considérations politiques. Tout n’est évidemment pas perdu à droite et une prise de conscience des électeurs peut encore les amener à se reporter massivement sur le candidat le mieux placé. Mais, si Henri Stoll est élu, j’espère qu’il aura la courtoisie de remercier ceux qui auront été ses principaux soutiens dans cette élection, je veux bien sûr parler des dirigeants de la fédération du Haut-Rhin de l’UMP.

  • Cantonales - Point sur le premier tour

    J’ai toujours eu un problème avec les analystes politiques, nous autres, simples publicitaires, sommes beaucoup plus basiques. En 26 ans de carrière, j’en ai un certain nombre à mon actif, d’analyses et d’études. Elles ont toujours été basées sur des faits et des chiffres bruts, et non sur l’interprétation de ces faits et chiffres. Celle-ci (l’interprétation) vient dans un second temps.

    Or, une fois de plus, je constate que les analyses des résultats du premier tour des cantonales prennent pour base des pourcentages, ce qui est une erreur de débutant dans notre métier, et négligent le seul vrai point de comparaison incontestable : le nombre de voix !

    Entendons-nous, l’analyse des pourcentage a un réel intérêt pour apprécier la situation à un moment donné, en l’occurrence le vote au premier tour. Mais uniquement de ce premier tour. On ne peut en déduire aucune évolution, sauf à faire des calculs infiniment plus compliqués.

    Je donnais toujours cet exemple à mes étudiants : 20 personnes doivent choisir un restaurant, 8 n’ont pas d’idée et s’abstiennent, 5 choisissent le restaurant A, 4 autres le B et 3 le C. Pour un taux de participation de 60%, A obtient 41,67%, B 33,33% et C 25%. Le lendemain soir, même choix mais cette fois-ci 14 s’abstiennent, le taux de participation chute donc à 30%. A obtient 1 voix (16,67%), B 2 (33,33%) et C reste à 3 ce qui fait 50%. Si je pratique une analyse de type “lendemain d’élections“, je ne peux que constater la fulgurante progression du restaurant C qui double le nombre de ses voix. Si je raisonne en publicitaire, je ne peux que constater que C reste parfaitement stable avec 3 voix. Et pour le publicitaire, cette stabilité est un échec, au même titre que la chute de A et B, puisque C n’a pas bénéficié de cette chute.

    Raisonnons donc en nombre de voix. Comparer les scrutins de 2004 et 2011 pose un léger problème en raison de deux nouveautés : les suppléants (introduits en 2008) et la barre des 12,5% d’inscrits pour être présent au second tour. Ces deux modifications induisent des négociations avant le premier tour et limitent donc de fait le nombre de candidats (10 361 contre 12 302 en 2004 pour 2 026 cantons). Ces négociations, et les alliances qui en découlent perturbent un peu la lisibilité des résultats, essentiellement du coté de la majorité présidentielle. Dans de nombreux cas, lorsqu’un candidat UMP a un suppléant issu d’un autre parti de la majorité, il prend, fort logiquement, l’étiquette “Majorité Présidentielle“ et non celle de son seul parti. Autre cas de figure, dans certains départements, les candidats issus de différents partis se présentent sous une étiquette commune et, bien évidemment, le décompte national ne peut prendre en compte toutes ces appellations différentes : ces candidats se trouvent donc classés dans les “Divers Droite“ (c’est, par exemple le cas dans l’Allier où une “Union Républicaine“ rassemble des UMP, des apparentés, des divers…)

    Cela à d’ailleurs donné lieu à une polémique, au soir du premier tour, lorsque le Ministre de l’Intérieur a additionné les voix des “étiquettés“ UMP et ceux des “Majorité Présidentielle“. L’opposition l’a accusé de gonfler les chiffres pour minimiser la “déroute“. Après avoir parcouru les résultats de plus de la moitié des cantons renouvelables et vérifier l’appartenance politique des candidats, je peux affirmer qu’il ne les a en rien gonflé, au contraire. Il aurait pu ajouter un bon tiers des “Divers droite“ ! Cette polémique était de bonne guerre, mais la situation était connue, François Hollande s’en est même gaussé avec le talent qu’on lui connaît !



    Mais revenons au vrai sujet qui réserve pas mal de surprises.

    En 2004 : 20 053 956 inscrits, 12 816 940 votants et 7 237 016 abstentionnistes.

    En 2011 : 21 296 034 inscrits, 9 439 304 votants et 11 856 730 abstentionnistes.

    3 377 636 votants en moins, alors qu’il y a 1 242 078 électeurs en plus !

    Ceci représente une baisse de 36%.

    Passons rapidement sur l’extrême gauche : entre un Besancenot qui avait le vent en poupe en 2004, le NPA et le Parti de Gauche qui n’existait pas alors, la situation n’est pas réellement comparable. Au mieux, on peut prendre un chiffre global. En 2004, les partis classés à l’extrême gauche avaient comptabilisés 1 369 291 voix contre 870 631 en 2011, soit une perte de 498 660 voix (chute de 36%).

    L’UMP, en 2004, avait recueilli 2 574 331 voix. En 2011, les candidats sous étiquettes UMP et ceux sous “Majorité Présidentielle“ (en faisant abstraction des UMP classés comme “Divers“, faute de pouvoir les comptabiliser précisément) obtiennent 1 761 214 voix, soit une perte de 813 117 voix (chute de 32%).

    Le PS obtient 2 284 912 voix contre 3 226 525 en 2004, une perte de 941 613 voix et une chute de 29%. 

    Le FN recueille 1 379 933 voix. En 2004, il en avait obtenu 1 490 315. Sa perte n’est que de 110 382 voix (perte de 7%).

    En 2004, les Verts avaient obtenu 502 142 voix, les autres écologistes 48 838. En 2011, la donne change avec les Verts-Europe Ecologie, un mouvement plus important que les seuls Verts de 2004, rejoint par des candidats figurant alors dans les “Autres écologistes“. Ces derniers perdent logiquement des voix de ce seul fait et passe à 34 112. Et tout aussi logiquement le report profite aux Verts-EE qui obtiennent 753 097 voix. Pour une comparaison fiable des deux scrutins il faut, là encore, totaliser l’ensemble des voix écologistes soit 550 voix en 2004 et 787 209 en 2011. Avec 236 229 voix de plus, les écologistes sont les seuls à gagner des voix et progressent de 43% !

    Malgré de très profonds changements, nous pouvons également analyser la situation du centre. En 2004, le centre était représenté par l’UDF. Une UDF qui n’avait déjà plus rien de commun avec le grand parti giscardien : Démocratie Libérale (qui représentait 70% de ce mouvement) l’avait déjà quitté pour co-fonder l’UMP, le Parti Radical et la plupart des élus et dirigeants de Force Démocrate avaient également rejoint la nouvelle union. Cette UDF, qui se présentait en 2004, allait se diviser en 2007 pour donner le MoDem d’une part et le Nouveau Centre d’autre part. Son score était de 584 587 voix. En 2011, le MoDem obtient 111 888 voix et le Nouveau Centre 293 543. En totalisant 405 431 voix, le centre en perd 179 156, soit une chute de 31%.

    Le constat est évident : les grands partis perdent certes des voix, mais, globalement, leur pourcentage de perte reste inférieur à celui de la baisse du nombre d’électeurs. Deux exceptions notables, le FN qui en perd nettement moins et les écologistes qui progressent de manière significative, confirmant ainsi la dynamique qui avait déjà été observée lors des derniers scrutins.

    Pour être parfaitement honnête, la légère baisse du FN peut aussi s’explique par un nombre moins importants de candidats. 

    Mais la réalité des chiffres est bien là :

    - les écologistes sont les grands vainqueurs (en voix) de ce premier tour bien qu’ils n’aient pu obtenir aucun élu, 

    - le FN se maintient et n’a donc pas profiter d’un supposé “effet Marine Le Pen“, ni d’un afflux de voix d’UMP déçus.

    - l’UMP n’a pas subit de déroute, comme se plaisent à le souligner certains médias et à même perdu moins de voix que le PS (et comme je l’ai écrit plus haut, j’ai pu personnellement vérifier que bon nombre de candidats UMP ont été classés parmi les “Divers“ lorsqu’ils avaient fait le choix d’un coalition départementale), mais cela reste quand même une défaite,

    - le PS n’a pas vraiment de quoi pavoiser car, à l’issue de ce premier tour, son ambition affichée de conquérir de nouveaux départements semble assez compromise.

    Mais rien n’est encore jouer !