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Petite analyse

En prévision des prochaines élections, j’ai étudié les résultats des premiers tours des trois dernières élections présidentielles.
Pourquoi les premiers tours ? Car c’est là que s’effectue le vrai choix, le second tour n’étant, le plus souvent qu’un vote de raison (ou de dépit).
Mais surtout, je me suis attaché à comparer des voix et non des pourcentages. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut se faire une représentation du paysage politique. Et ce genre de comparaison réserve quelques surprises !


Commençons par les votants :
28 498 471 en 2002, 30 462 633 en 1995 et 30 406 039 en 1988.
Là, pas de surprise, la chose avait été largement commentée : 1 964 162 électeurs de moins en 2002 par rapport à 1995 !

Selon les commentateurs de l’époque, tout le monde avait été perdant… Tout le monde, sauf Le Pen et l’extrême gauche…
Avoir !

Commençons par le plus visiblement perdant ; Lionel Jospin.
1995 : 7 097 786, 4 610 113 en 2002, soit une perte de 2 487 673.
La faute au nombre de candidats et à la dispersion des voix de gauche, paraît-il.
Regardons de plus près.
Jean-Pierre Chevènement :1 518 528
Christiane Taubira : 660 447
Soient 2 178 975 voix. Même en additionnant ces voix à celles obtenues par Jospin, il en manque 308 698 par rapport à 1995 ! La dispersion n’explique donc pas tout.
(Pour mémoire, Mitterrand avait obtenu 10 367 220 voix au premier tour de 1988)

Allons voir plus à gauche.
Arlette Laguiller :1 630 045 (1 615 552 en 95)
Olivier Besancenot : 1 210 562
Robert Hue : 960 480 (2 632 460 en 95)
Daniel Gluckstein : 132 686
Soit un total de 3 933 773 contre 4 248 012 en 1995.
Là aussi une perte globale de 314 239 voix, mais surtout due aux mauvais résultats du PC (- 1 671 980), les extrêmes ayant presque réussi à doubler leur score.

Les analyses des observateurs semblent se confirmer.
Donc, Le Pen gagnant ?

Voyons d’abord l’autre grand perdant (toujours selon les observateurs avisés) : Jacques Chirac. Bien sûr, il est arrivé en tête au premier tour, mais avec un pourcentage en nette régression par rapport à son score de 1995.
2002 : 5 665 855 voix, 1995 : 6 063 514
A première vue, 397 659 voix en moins. Sauf que… En 1995, Chirac était soutenu par le Parti Républicain, devenu entre temps Démocratie Libérale. Or, ce parti était présent au premier tour de 2002 sous ses propres couleurs avec Alain Madelin (1 113 484). Il n’est donc pas totalement absurde de penser que ces voix se seraient portées sur Chirac et lui ont donc manqué au premier tour. En tout état de cause, il convient d’additionner ces voix pour comparer les résultats de la droite. Nous obtenons, en 2002, 6 779 339 contre 6 063 514 en 1995. Une progression de 715 825 voix.

Pour être totalement complet en ce qui concerne la droite, il faut rappeler qu’en 1995 il y avait un second candidat issu du RPR, Edouard Balladur, qui avait obtenu 5 658 796 voix. Mais s’il avait pu “détourner“ un nombre difficilement quantifiable de voix de la droite classique, il était essentiellement présenté comme le candidat du centre, soutenu par l’UDF.
Le centre, justement, était également divisé en 2002 avec deux candidats issus de l’UDF : François Bayrou (1 949 170 voix) et Christine Boutin (339 112) pour un total de 2 288 282 voix. (Pour mémoire, en 1988, Raymond Barre, candidat de l’UDF, avait obtenu 5 031 849 voix).

Passons aux écologistes. Si les Verts se situent clairement à gauche, une candidate écologiste de droite était également présente en 2002. De ce côté-là ; nette progression : 1 495 724 voix pour Mamère en 2002 contre 1 010 681 pour Dominique Voynet en 1995. Si l’on ajoute les voix obtenues par Corinne Lepage (535 837) le total des voix écologistes se monte à 2 031 561 voix.

Et nous voici enfin à cette fameuse poussée d’extrême droite qui a propulsé Le Pen au second tour.
Jean-Marie Le Pen : 4 804 713 (contre 4 570 838 en 1995, soit 233 875 voix de plus)
Sauf que… en 2002, il y avait un autre candidat, Bruno Mégret qui a obtenu 667 026 voix
Total des voix d’extrême droite en 2002 : 5 471 739
En 1995, trois candidats représentaient l’extrême droite et la droite nationaliste et souverainiste : Le Pen, Cheminade et De Villiers. Ils avaient totalisé 6 099 983 voix.
Perte sèche : 627 244 voix.
Mais ce résultat peut se discuter, les partisans de De Villiers tenant à se démarquer de l’extrême droite, mais sur qui se sont reportées leurs voix (1 443 186 en 95) ?
Peut-être sur Saint Josse (1 204 689 voix) difficilement classable, même si l’on peut estimer qu’une grande partie de son électorat se situe plutôt à droite de la droite républicaine.

Donc, paradoxalement, les vainqueurs ne sont pas ceux que l’on croit : ce sont, tout d’abord, les écologistes (indiscutablement), puis la droite républicaine. L’extrême droite ne vient qu’après. Et à côté de la gauche (hors écologistes), l’autre grand perdant est le centre : la fameuse troisième voie est restée sans voix.

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