Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le MouDé

Bayrou… Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que je le vois résonne en moi cette petite chanson immortalisée par Fernandel : “On m’appelle Simplet, l’innocent du village…“.
Alors que tout le petit monde politique semble avoir enfin compris que les Français souhaitent voir les choses changer, qu’il est devenu impératif de rompre avec les vieilles habitudes, lui, François Bayrou, reste fidèle aux vieilles traditions : il crée un parti centriste.


Vielle tradition, en effet, car la création d’un parti centriste est le monstre du Loch Ness de la politique française : ça revient périodiquement, ça disparaît et si, dans le fond, personne ne croit vraiment en son existence, le doute subsiste.
Une constante, tous ces partis qui se sont succédés ont toujours répondu aux mêmes critères : ils se voulaient être la troisième voie (ni de gauche, ni de droite), celle que les Français attendaient depuis longtemps.

Petit retour en arrière.
En 1942 est fondé le Parti Démocrate Populaire
En 1947, successeur du PDP, le Mouvement Républicain Populaire se veut être le grand parti du centre dépassant le clivage gauche-droite. Il cesse d’exister en 1967 après avoir connu deux dissidences : en 1958 avec la création de Démocratie Chrétienne et en 1966 lorsque Jean Lecanuet crée le Centre Démocrate.
En 1976, le Centre Démocrate et Centre Démocratie et Progrès fusionnent pour former le CDS, Centre des Démocrates Sociaux. L’idée est alors de construire un grand parti du centre.
1978 : le CDS devient l’une des composantes de l’UDF (la deuxième en nombre d’élus et d’adhérents derrière le Parti Républicain). La volonté de Giscard d’Estaing est de créer un grand parti du centre.
1988 : tout en restant membre de l’UDF, le CDS crée son propre groupe parlementaire, l’Union du Centre.
1995 : le CDS fusionne avec le Parti Social Démocrate pour devenir Force Démocrate. C’est déjà Bayrou qui est à la manœuvre avec cette idée originale : construire un grand parti du centre. Pas franchement une réussite : de Force, il n’aura que le nom !
Lorsque la principale composante de l’UDF, le PR, devient Démocratie Libérale et la quitte, Force Démocrate se confond avec l’UDF.
En 2002, une grande partie des élus de l’UDF et de ses militants choisissent de rejoindre le nouveau parti qui se crée alors, l’UMP.
En 2007, la majorité des élus de l’UDF fait le choix de la fidélité à ses alliances et soutient Nicolas Sarkozy. Le Nouveau Centre voit le jour.
La frange dissidente, regroupée autour de François Bayrou, décide l’intégration de ce qui reste de feu l’UDF dans le Mouvement Démocrate qui se présente dès lors comme le nouveau grand parti du centre.
Ceci ne va pas sans poser un réel problème matériel : François Bayrou s’étant présenté sous les couleurs de l’UDF et ce parti s’étant fondu dans le Mouvement Démocrate, c’est ce dernier qui bénéficie du financement public alors que le Nouveau Centre, représentant près de 80% de l’ex-UDF et resté fidèle à son esprit et ses alliance, en est écarté.

Comme on le voit, la création d’un grand parti du centre dépassant le clivage gauche-droite est une grande idée neuve ! Et toujours efficace !
Je prends aujourd'hui un pari, celui de la disparition progressive du MoDem. Et le coup fatal lui sera porté lors des prochaines élections présidentielles, élections aux quelles François Bayrou ne manquera pas de se présenter. Seulement, dans 5 ans, arrivera-t-il à rééditer son exploit ? Sera-t-il à nouveau le "troisième homme" ? Tout dépendra des candidats en présence, mais il serait surprenant qu'il puisse de nouveau cristalliser les mécontentements de gauche et de droite. Car ça, il ne l'a pas encore compris (ou ne veut pas le comprendre) : son score n'est pas dû à son programme ou sa personne, ce n'est pas un vote d'adhésion mais un vote de rejet, rejet de Ségolène Royal par une partie de la gauche, rejet de Nicolas Sarkozy par une partie de la droite. Son vrai score se situe autour de 8%, ça c'est une réalité. Autre réalité, le MoDem est appelé à disparaître comme tous les partis centristes qui ont voulu rester neutre. A disparaître ou à renoncer à se placer en dehors du vrai champ politique : pour exister il devra choisir. Et ce choix entraînera son éclatement : l'histoire est un éternel recommencement !

Ceci étant, tout s’explique par les origines de François Bayrou : béarnais, auteur d’une biographie de Henri IV, il se sent l’héritier du Vert Galant.
Si pour ce dernier Paris valait bien une messe, reniant sa religion pour accéder au trône, Bayrou n’hésite pas à renier ses alliances en lorgnant vers le pouvoir.

Il a son Ravaillac aussi : Jean-Marie Cavada. Du moins dans son esprit, car lui doit considérer comme une trahison ce qui n’est, somme toute, qu’une prise de conscience. Gageons que Cavada ne sera que le premier à revenir à la raison.
Au “Ralliez-vous à mon panache blanc“ répond un “Ralliez-vous à mon panache de fumée“ et encore, un panache de fumée est quelque chose de visible ce qui est loin d’être le cas du programme du MoDem.

Et là nous touchons un autre point qui me chagrine énormément. MoDem… Cela ne veut rien dire, ne correspond à rien. Soit on adopte le sigle MD, soit on opte pour les premières syllabes MouDé… mais MoDem ne correspond à rien !
Si encore, il avait songé à ajouter Républicain à son nom, on aurait pu en faire le MDR. Ça c’est parlant, tous les internautes auraient compris : MDR, mort de rire… Plus compréhensible et tellement plus juste !

Mais ne soyons pas trop dur avec ce mort-né qui n'atteindra probablement jamais son cinquième anniversaire !

Les commentaires sont fermés.