Je pense avoir un peu de “bouteille“ en politique : j’avais 14-15 ans quand j’ai commencé à m’y intéressé, 22 ans quand j’ai commencé à militer et 26 lorsque j’ai accédé aux responsabilités. Alors, lorsque j’entends des ministres ou des dirigeants de l’UMP s’étonner du départ de Jean-Louis Borloo, je ne peux que m’étonner, à mon tour, de leur étonnement !
Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, l’UMP était un mouvement dynamique, toutes les sensibilités s’exprimaient, les débats étaient nombreux et fréquents, aucun sujet n’était tabou. En ce temps-là, il comptait près de 400 000 militants. Puis vint l’élection présidentielle et tout changeât. Alors même que le militant de base aurait eu besoin d’explication sur la politique engagée, d’arguments pour défendre cette politique, la communication ne se faisait plus. De moins en moins de réunions, un manque criant d’informations, des élus se contredisant les uns les autres… le militant de base, celui qui ne fait pas forcément l’effort d’aller chercher l’information, se trouvait abandonné, désorienté. Et le résultat s’est fait sentir : un grand nombre d’entre eux n’ont pas renouvelé leur adhésion. L’arrivée à la tête du mouvement de Jean-François Copé semblait être de nature à lui donner un nouveau souffle, et de fait, l’information circulait de nouveau, des débats étaient lancés… Mais c’était sans compter ceux qui avait profiter du laisser aller pour jouer leur propre carte. Ceux qui, au sein même du mouvement avait constituer un solide noyau d’opposants à Nicolas Sarkozy. Ceux qui n’ont jamais accepté une nouvelle façon de faire de la politique, symbolisée, entre autres, par l’ouverture. Leur objectif est clair : empêcher, par tous les moyens, la réélection de Nicolas Sarkozy pour se présenter en recours en 2017. C’était la stratégie de Jacques Chirac en 1981, quand il avait chargé Philippe Seguin d’orchestrer la campagne de “démolition“ de Valéry Giscard d’Estaing et fait voter pour François Mitterrand.
Cette cacophonie, parfaitement orchestrée, qui a déstabilisé tant de nos militants a trouvé son point d’orgue avec la “droitisation“ que l’on peut observer aujourd’hui. Elle n’est le fait que d’un petit nombre, mais un petit nombre très médiatisé car ce sont souvent les membres de ces courants qui s’appelle “Nouvelle droite“, “Droite Populaire“ etc. que l’on peut voir, interrogés par les médias, prendre des positions au nom d’un mouvement qu’ils ne représentent que très partiellement.
Comment s’étonner alors que certains partis ou associations, membres fondateurs de l’UMP, ne se sentent plus à l’aise dans cette “famille“ ?
Ainsi GayLib, mouvement associé dès l’origine, se voit invité par Christian Vanneste, député du Nord, à quitter l’UMP ! Ce mouvement, issu de Démocratie Libérale, parti co-fondateur de l’UMP, fait l’objet de nombreuses attaques alors qu’il ne fait que réclamer l’adoption d’une mesure figurant dans le programme présidentiel, le contrat d’union civil. Qui plus est, dans l’argumentaire édité en réponse au projet du PS, ce point est totalement évacué, l’UMP affichant même une position totalement rétrograde et à contre courant de l’opinion majoritaire des Français. Inutile de préciser que cette position n’a jamais fait l’objet du moindre débat !
Il en va de même pour le Parti Radical, également mouvement associé de la première heure, qui représente pourtant un nombre non négligeable d’élus. La situation devenait intenable pour un parti dont les valeurs essentielles se trouvent de plus en plus souvent en contradiction avec les nouvelles orientations de l’UMP, des orientations qui n’ont été avalisées par aucun vote !
Le choix de Jean-Louis Borloo de quitter l’UMP et de recréer une grande confédération du centre devient, dès lors, compréhensible voir évident. S’il est difficile d’en mesurer aujourd’hui la portée, cette décision éveille de grands espoirs parmi bon nombre de militant, en particulier chez les sarkozystes “pur jus“, ceux qui ont pleinement soutenu le chef de l’état et sa politique et qui ne se sentent plus à leur place dans un mouvement à la dérive.