Au hasard d’un zapping, je suis tombé sur un débat concernant l’affaire Strauss-Kahn sur la chaîne allemande ARD. Un débat qui tranchait nettement sur tout ce que nous avons pu entendre jusque là en France.
Alice Schwarzer, militante féministe bien connue (une des initiatrices du MLF), journaliste et éditrice, a vécu pendant plusieurs années en France où elle a étudié la psychologie et la sociologie. Pour elle, cette arrestation n’a rien d’étonnant car, affirme-t-elle, «plusieurs cas semblables étaient déjà connus» et de préciser qu’il ne s’agissait pas «de séduction ou de simples histoires sexuelles mais bien de cas de violence» car, toujours selon elle «il pouvait avoir toutes les femmes qu’il voulait, en les séduisant ou en les payant, mais cela ne comblait pas son désir de puissance et de domination». Je lui laisse, bien entendu la responsabilité de ses déclarations qu’aucun des autres participations n’a remis en cause. Je note simplement qu’un autre cas a refait surface, ces jours-ci, celui de Tristane Banon, un cas déjà évoqué en 2007 mais pudiquement passé sous silence. La jeune femme en avait parlé dans une émission de Thierry Ardisson sur Paris Première, mais le nom de son agresseur avait été bipé au montage. La vidéo, qui circulait sur internet, a depuis été retirée pour atteinte aux droits d’auteur à la demande de la chaîne. Mais il est important de préciser qu'aucune plainte n'a été déposée et qu'il n'y a aucune poursuite, ni instruction. Juridiquement, ce cas n'existe pas.
Nous sommes, semble-t-il, loin de la théorie du complot à laquelle un grand nombre de Français paraît adhérer. A la question de savoir pourquoi ce n’est que maintenant qu’une plainte a été déposée, la réponse des participants au débat était unanime : ce n’est pas un problème de temps, mais de lieu. Pour eux, un dépôt de plainte en France n’avait aucune chance d’aboutir : la personnalité même de Dominique Straus-Kahn, la puissance financière de son épouse, mais surtout la légèreté avec laquelle ce genre de sujet est traité en France étaient suffisants pour dissuader les victimes présumées qui, au mieux, auraient été accusées de provocation. Sur ce dernier point était cité en exemple le plaidoyer de Bernard Heni-Lévy qui se demandait «comment une femme de chambre aurait pu s’introduire seule, contrairement aux usages qui, dans la plupart des grands hôtels new-yorkais, prévoient des “brigades de ménage“ composées de deux personnes, dans la chambre d’un des personnages les plus surveillés de la planète.» Question de lieu donc, car aux Etats-Unis (et particulièrement à New York où il existe une brigade spécialisée) ce genre d’affaires est traitée avec le plus grand sérieux et l’intervention extrêmement rapide de cette brigade permet de recueillir davantage de preuves.
Bien entendu ce ne sont là que des déclarations de personnes qui n’ont pas été témoins des faits et qui ne font que rapporter des propos qui n’engagent qu’eux.
La présomption d’innocence doit rester une règle absolue.
Mais il s’agissait là d’une émission diffusée sur une grande chaîne publique, dans un pays étranger où le climat est forcément moins passionné et où aucune considération politique n’entre en ligne de compte. En tant que telle, elle apporte un éclairage différent que chacun appréciera selon ses propres convictions.