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  • Rester sourds aux sirènes populistes

    Comme beaucoup d’entre nous, j’ai longtemps été d’avis qu’il ne fallait pas confondre électeurs et militants du FN.
    Comme beaucoup d’entre nous, j’en connaissais qui n’avaient rien de dangereux extrémistes ou fascistes, plutôt des électeurs déboussolés, mal informés, crédules…
    Mais à force de tenir ce discours déculpabilisateur, nous n’avons fait que banaliser un vote qui n’a rien pourtant de banal.

    Pour autant diaboliser le FN ne peut que s’avérer contre productif. Plutôt que de jeter l’anathème, il faut mettre en lumière les contradictions, les incohérences, pour ne pas dire les idioties, proférer par ses dirigeants. Et démontrer à ceux qui revendiquent haut et fort leur vote combien cette idéologie est néfaste pour l’image de notre pays.

    La médiocrité flagrante d’un grand nombre de candidats de ce parti aux législatives devrait pourtant amener leurs électeurs à se poser des questions. A moins que leur méconnaissance des dossiers, leur amateurisme affligeant, ne rassurent leurs partisans qui peuvent plus facilement s’identifier à eux !
    Il suffirait pourtant de regarder autour de nous pour constater les ravages occasionnés dans d’autres pays par de semblables partis populistes. Mais le peu d’intérêt des  medias français pour la politique étrangère et, corollairement, le manque d’information sur ce sujet, n’est pas de nature à favoriser l’éveil des consciences. Et comme il ne faut pas compter sur la curiosité et le désir de s’informer par eux-mêmes de la plupart des Français (qui, de plus, pratiquent fort peu les langues étrangères), les populistes ont encore de beaux jours devant eux.

    La peur de l’autre, l’ignorance (volontairement entretenue), l’angoisse face à un avenir (là encore volontairement assombri) sont les ferments de ce populisme qui a alors beau jeu de catalyser ces craintes en offrant en pâture au bon peuple un coupable idéal. Il est tellement plus simple de rejeter la faute sur l’autre plutôt que de regarder la réalité en face au risque de devoir se remettre en cause. La bonne vieille méthode du bouc émissaire a fait ses preuves : les chrétiens pour les Romains, les protestants pour les catholiques, les juifs pour à peu près tout le monde… les musulmans aujourd’hui. Et on retrouve toujours la même constante, l’ignorance. Moins on connaît l’autre, plus il est facile de le charger de tous les maux. Le vote FN dans des villages ruraux qui ne connaissent aucun des problèmes qui pourraient, sinon le justifier du moins essayer de le comprendre, en est un parfait exemple.

    Notre responsabilité collective est grande et il est plus facile de reprocher aux jeunes d’origine étrangère de refuser de s’intégrer que de l’admettre. Leur en avons-nous donné les moyens ? Comment réagirions-nous si nous étions systématiquement refoulé de certains établissements, si la seule lecture de notre nom suffisait à provoquer le rejet de notre candidature à un emploi, si on nous reléguait dans certains quartiers ? Les torts ne sont pas, loin s’en faut, d’un seul côté. Cela n’excuse rien, mais devrait au moins nous inciter à plus de modération.
    Et à ne pas tout mélanger !

    Certes, à première vue, il peut sembler y avoir des points de convergence entre le FN et l’UMP, mais lorsque l’on creuse un peu la question, ces “liens“ s’avèrent ténus. Et, en tout état de cause, infiniment moins importants que les profondes différences sur des points autrement plus essentiels comme l’Europe, la politique sociale et économique…

    Asséner des “vérités“ simplistes est une chose, oublier d’évoquer leurs répercussions en est une autre. Prenons la question des frontières : les rétablir changerait-il quoi que ce soit ? Sauf à construire un mur infranchissable, certainement pas ! On peut toujours rêver qu’aucun des pays concernés par des mesures protectionnistes prises unilatéralement par la France n’envisage, à son tour, d’en faire autant à notre encontre.

    Heureusement, tous les électeurs ne s’y trompent pas : malgré les sondages laissant croire qu’une majorité d’électeurs de l’UMP souhaitent un “rapprochement“ avec le FN, les candidats ayant affiché une trop évidente proximité avec ce dernier ont été sanctionnés !

    Certes le FN a aujourd’hui deux députés, mais leur pouvoir de nuisance est quand même fortement limité dans la mesure où ils ne peuvent former un groupe qui leur permettrait d’intervenir leur des séances de questions, des grands débats…
    Etait-ce le but ? Probablement pas. L’important pour ce parti était d’avoir un grand nombre de voix et de s’assurer ainsi un financement que le faible nombre de militants ne permettait pas d’assurer. Au bord de la faillite, le voilà sauvé !

    Reste à tirer les leçons de ce scrutin. Les uns veulent “entendre“ ceux qui ont voté pour le FN, les autres (dont je suis) estime qu’il est grand temps de reprendre la démarche engagée avant 2007 en ouvrant largement la porte à ceux qui partagent réellement nos valeurs. Un parti politique n’a pas à courir après les électeurs, il se doit d’être une force de proposition à laquelle ceux-ci adhèrent (ou pas) : nous sommes en démocratie, pas en ochlocratie. Le gouvernement du peuple n’est pas le despotisme de la cohue.

  • Contre, résolument contre, la proportionnelle aux législatives.

    Je connais bien l’argument en faveur d’un changement de scrutin : une représentation plus juste, plus équitable, de l’ensemble de toutes les forces politiques. Mais, au delà de cette revendication, légitime, a-t-on mesuré l’impact sur le lien qui existe entre un député et sa circonscription ?

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  • Aucune alliance avec le FN !

    A en croire les sondages, une grande majorité des électeurs de l’UMP souhaitent un rapprochement avec le FN.

    Un résultat qui me laisse songeur et m’amène à me poser une question : d’où sortent ces électeurs ? Et quels arguments peuvent-ils faire valoir pour justifier un tel rapprochement ? Car se déclarer de droite, ou contre la gauche, ne peut être le seul élément décisif.

    Ce clivage n’a plus vraiment de sens : même s’il reste de profondes divergences entre les deux “clans“ traditionnels, il y a aussi des valeurs communes alors qu’à l’intérieur même de chacun d’entre eux, les différences, voire les oppositions, sur ces mêmes valeurs sont parfois radicales.
    Si, en tant que militant UMP, j’avais à choisir entre un candidat Debout le République (clairement à droite) et un candidat socialiste, le choix serait-il évident ? Je ne peux, évidemment, pas approuver les choix économiques du PS. Sur la plupart des points sont programme va à l’encontre de mes convictions. Mais comment pourrais-je voter pour un candidat avec lequel je n’ai pas plus d’affinités ? Un candidat qui base son programme sur un rejet de l’Europe, sujet qui, pour moi, est primordial. Un candidat qui représente une vision totalement dépassée de la politique.
    J’en ai un parfait exemple dans ma circonscription : un candidat jeune (il a 20 ans) mais déjà totalement ringard, adepte de la langue de bois et des formules toutes faites, qui ne fait que reprendre les thèmes nationaux portés par un leader tout aussi ringard. Le contraste est saisissant avec cet autre candidat (d’une autre circonscription), 24 ans, qui, lui, tient un discours beaucoup plus personnel, mène une campagne originale sans se prendre au sérieux, tout en étant très sérieux sur le fond et en répondant de manière extrêmement claire et argumentée aux questions qui lui sont posées. Le passé et l’avenir. Un sérieux de façade, mais sans fond, contre une apparente désinvolture, mais avec de vraies idées.

    Le problème est le même avec le Front National : des déclarations vides de sens, des formules toutes faites destinées à flatter un électorat qui n’a surtout pas envie d’aller au fond des choses, un programme économique catastrophique et inapplicable… Le populisme et la démagogie dans toute sa splendeur. Et surtout, un parti qui surfe sur un malentendu soigneusement entretenu : le score obtenu par Marine Le Pen n’est pas, loin de là, représentatif de la véritable “force“ du FN. Pas plus que celui de François Bayrou, lors de l’élection précédente, ne l’était d’un “retour“ du centre. Il est surtout le reflet d’un vote de protestation, voir même, j’ose le mot, de bêtise ! Arrêtons de dire qu’il faut comprendre les électeurs du FN, ne pas les confondre avec les militants… Je ne comprendrais jamais que l’on puisse voter pour le néant !
    Et soyons clairs, le but du FN, aujourd'hui, est simple : obtenir le plus de voix possibles pour assurer un financement que son faible nombre de militants ne permet d'assurer. Pour mémoire, je rappelle la partie de la règle du financement public qui nous intéresse ici : tout parti ayant obtenu au moins 1% des suffrages exprimés dans 50 circonscriptions touche 1,63€ par voix et par an pendant la législature.

    Dans une région qui, plus qu’une autre, a subi les conséquences de l’extrémisme, une région profondément ancrée dans l’Europe, voir de petites communes rurales (qui n’ont donc pas l’excuse toute faite de problèmes liés à l’immigration) voter FN, me révolte, me dégoûte ! Autant dire que si, un jour, je devais être confronté au choix qui risque de se poser dans plusieurs circonscriptions, je n’hésiterais pas une seule seconde entre un candidat républicain, dont je ne cautionne pas le programme économique, et un candidat qui représente tout ce contre quoi je me suis toujours battu !