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Politique au ras des pâquerettes (voire en dessous)

Y a-t-il encore une vie politique digne de ce nom en France ? J’entends par là une vraie confrontation d’idées.

J’en doute sérieusement : les partis politiques semblent avoir perdus tout contact avec la réalité ! Le Parti Socialiste est englué dans ses propres contradictions. Après avoir nié l’existence même de la crise et bâti un programme déconnecté des réalités économiques, il se trouve aujourd’hui contraint de défendre un gouvernement obligé de composer avec les difficultés qu’il n’avait pas voulu voir et, ce faisant, se met en porte-à-faux avec son électorat de base.

L’UMP n’est pas mieux lotie. Déjà profondément divisée avant les élections (c’est en son sein que l’on trouvait les plus virulents adversaires de Nicolas Sarkozy), elle n’avait pas su jouer à fond son rôle de soutien au gouvernement. Rappelez-vous : dès les premiers mois suivant l’élection de Nicolas Sarkozy, les premières voix discordantes se sont faites entendre, les dissensions internes se sont faites jour. Peu visibles de l’extérieur, les problèmes internes ont sapé les fondements du parti et entraîné une importante perte de militants. La “droitisation”, particulièrement visible au moment de l’élection présidentielle, et la “guerre des chefs” lui ont porté le coup fatal. Un coup que le parti n’a certainement pas encore mesuré : un militant qui n’a pas renouvelé sa cotisation reste inscrit sur les listes, continue à recevoir les informations, à être invité aux réunions…
L’hémorragie qui a suivi l’élection de son président et ses prises de position part rapport au mariage des personnes de même sexe reste donc, pour l’instant, soigneusement occultée. Le réveil sera rude ! Et ce ne sont pas des actions de façade (essentiellement destinées à laisser croire aux militants que l’UMP est toujours présente sur le terrain) qui vont changer la réalité des faits. Elle tombe dans le travers qu’elle dénonçait quand le PS, en manque d’idées, faisait de l’anti-sarkozisme son seul argument de campagne. Ce qui était alors inacceptable à mes yeux, ne l’est pas moins aujourd’hui et l’anti-hollandisme primaire ne constitue pas une politique d’opposition.
J’en veux particulièrement à ses dirigeants qui, en toute connaissance de cause (ils ne pouvaient ignorer que leur position était largement minoritaire), ont sciemment joué la division du pays pour masquer leur propres divisions. Envoyer des gens dans la rue en leur laisser miroiter une improbable victoire était irresponsable. Faire passer de petits intérêts partisans avant l’intérêt collectif était abject !

On pourra m’objecter que la vie politique française ne se limite pas à ces deux partis (mais méritent-ils encore ce nom ?). Le reste n’est, malheureusement pas plus brillant…

L’UDI, qui était un véritable espoir pour les militants et sympathisants de droite orphelins d’un vrai parti politique, n’a pas vraiment su jouer son rôle et est quasi inexistante (et encore, le quasi me semble-t-il de trop).

Restent les Verts, le Front de Gauche et le Front National.
Les Verts… Je ne suis même pas sûr de l’appellation ! J’avoue me mélanger un peu les pinceaux. Entre leur participation au gouvernement, leur opposition à ce même gouvernement sur certains sujets, les connivences avec le Front de Gauche… j’ai un peu de mal à trouver une ligne directrice.
Le Front de Gauche, lui, a pleinement trouvé sa place, celui d’un parti protestataire. Il est l’un des rares à faire des propositions concrètes. Inapplicables, totalement déconnectées des réalités économiques, mais concrètes. Comme celles du Front National qui, à son habitude, surfe sur la vague anti-politique et surenchérit dans le populisme le plus primaire.

Mais les partis politiques ne sont pas les seuls responsables de cet état de fait et les électeurs ont une large part de responsabilité : n’oublions jamais que ce sont eux (nous) qui choisissons nos élus ! On a les élus que l’on mérite !
Le manque criant de culture politique des Français les amène à s’enferrer dans des contradictions qu’ils ne perçoivent même pas. Alors qu’ils dénoncent les partis politiques, ils sont largement favorables au scrutin proportionnel pour les élections législatives. Autrement dit, ils sont prêts à renoncer à la seule possibilité qu’ils ont encore de transformer la vie politique en la laissant exclusivement aux mains des grands partis ! Paradoxal, non ? Je m’explique. Aujourd’hui, n’importe quel citoyen peut se présenter à la députation. S’il se trouvait assez de Français pour franchir le pas, ils seraient en mesure d’influer sur la vie politique. Mais avec un scrutin proportionnel, donc de liste, cela ne sera plus possible. Et les électeurs, qui estiment que les hommes politiques sont trop éloignés du terrain, ont-ils vraiment conscience qu’ils le seront encore d’avantage lorsqu’ils ne seront plus liés à une circonscription ?
De la responsabilité des électeurs encore le faible taux de participation aux élections. L’histoire du serpent qui se mord la queue : « Les hommes politiques sont tous nuls - tous des pourris - ne s’intéressent qu’à leur carrière (rayez la mention inutile) donc je ne vais pas voter ». Raisonnement largement répandu et, une fois de plus, totalement contre-productif, puisqu’il permet l’élection par défaut d’un candidat aussitôt rejeté par ceux qui n’ont même pas fait la démarche citoyenne d’aller mettre un bulletin (fût-il blanc) dans l’urne.

Et n’évacuons pas la responsabilité des médias qui, pour de sombres raison d’auditions, se font un devoir de relayer la moindre rumeur mettant en cause un homme politique, n’hésitant pas à bafouer le secret de l’instruction, à sacrifier la déontologie sur l’autel du sacro-saint droit à l’information. Un droit qui, étrangement, ne semble plus de mise lorsqu’est prononcé un non lieu : la une pour accuser, un entrefilet en pages intérieures (quand il y en a un) pour disculper… Cherchez l’erreur !

Et tout cela contribue à entretenir un climat délétère. Et comme les partis politiques, loin de réagir, se vautrent dans cette fange, attisent le feu qu’ils devraient contribuer à éteindre, il est fort à parier que nous n’avons pas fini de dégringoler la pente.
Et qu’il sera particulièrement difficile de la regravir !

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