Petite contribution en complément à mon texte sur la justice : l'entretien accordé par Nicolas Sarkozy à Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 ce mardi 5 Juillet. Transcription de la partie concernant ce sujet.
L’Assemblée nationale va ouvrir dans les prochaines heures le débat que vous avez provoqué contre la récidive, qui sera l’objet d’une plus grande sévérité. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir obtenu satisfaction, par exemple sur le juge qui sera obligé de tenir compte des fautes antérieures, des mesures de sûreté plus longues, et puis en correctionnelles la comparution obligatoire, cette fois est beaucoup plus rapide.
Ecoutez, oui, c’est un débat considérable. Il y a une ville de France, pour ne pas la nommer Tarbes, où un délinquant de 14 ans, tenez-vous bien, est responsable à lui tout seul de 10 % de la délinquance. Sur son casier judiciaire, il y avait plus d’une centaine d’infractions. Eh bien, j’affirme qu’un certain nombre de multirécidivistes, la police comme la gendarmerie, on en a assez de courir toujours derrière les mêmes. Il faut qu’à un moment donné, la société se défende et qu’elle dise : ça suffit maintenant. Alors on a demandé un certain nombre de choses, je suis heureux que le gouvernement le fasse. Première chose, la comparution immédiate. Mais quand vous avez été condamné 15, 20, 25 fois, 30 fois, le moins qu’on puisse attendre, c’est que la dernière fois, vous soyez convoqué immédiatement. Deuxièmement, plus de mesures d’aménagement de peine, pour le multirécidiviste. Le multirécidiviste ne doit pas être traité comme un primo-délinquant.
Les magistrats, vous avez vu, refusent d’être insultés et mis en cause, comme ils disent. Est-ce que le ministre de l’Intérieur...
Ah pardon ! Parce que c’est insulter de dire qu’on est responsable de ses décisions ? Cela fait commencer l’insulte assez tôt ! Qu’est-ce que je devrais dire moi alors ?
Est-ce que le ministre de l’Intérieur reconnaît la séparation des pouvoirs et l’indépendance des juges ?
Mais bien sûr, mais J.-P. Elkabbach, je m’étonne de cet argument.
Vous l’avez entendu.
Vous êtes le patron à Europe numéro 1. Est-ce que ça met en cause votre indépendance, vous le grand journaliste connu et reconnu, que d’être responsable de ce que disent vos journalistes ? Si un de vos journalistes porte atteinte à l’intégrité, à l’honneur de quelqu’un, vous serez traîné devant les tribunaux. Est-ce que ça met en cause votre indépendance ? Quand vous allez voir un médecin, qu’il vous opère, et qu’il omet une faute professionnelle sans intention, c’est-à-dire pas pénale, il est traîné devant les tribunaux. Quand un homme politique, un maire, le panneau de basket est mal vissé, ce n’est pas le maire qui l’a vissé, ou mal vissé, tombe sur la tête d’un enfant, il est traîné en correctionnelle. Est-ce qu’il peut exister un pouvoir, un seul, où la question de la responsabilité ne se pose pas ? Et en quoi cela met-il en cause...
Donc vous maintenez vos propos.
Enfin je maintiens, qu’est-ce que ça a de scandaleux de dire qu’il ne peut pas y avoir un pouvoir sans responsabilité ? Moi, vous savez, j’avais été très choqué par ce qu’avait dit G. Dufoix en son temps : "ni responsable, ni coupable".