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Disons-le franchement... - Page 33

  • Deux poids, deux mesures

    D’un coté, une déclaration d’un homme politique. De l’autre l’évacuation d’un squat.
    Deux événements qu’a priori rien ne relie. Mais deux manières, bien différentes, de traiter l’information.

     Lorsque Christian Jacob déclare que Dominique Strauss-Kahn n’est « pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché », certains crient à l’antisémitisme. J’ai même lu un commentaire qui enfonce le clou en précisant : « comprendre sous les mots que c’est un sale apatride juif et n’oublions pas que seule la terre ne ment pas ». Si j’en étais l’auteur, je me poserais des questions sur ma perception du monde qui m’entoure. Je rappellerais simplement que Christian Jacob est agriculteur, qu’il a été syndicaliste agricole, président de la commission de l’agriculture et du développement rural du Conseil économique et social… qu’il soit attaché à l’image de “la France rurale, France des terroirs et des territoires“ est donc une évidence. Que Dominique Strauss-Kahn soit très éloigné de cette image-là en est une autre.  C’est même un reproche qui lui est adressé depuis fort longtemps et, jusqu’à ce jour, cela n’’a jamais soulevé la moindre protestation. Soyons honnête, DSK n’est pas le seul dans ce cas, et le même reproche a été fait à Edouard Balladur, Raymond Barre ou Laurent Fabius. Et rappelons-nous des sarcasmes qui ont accompagnés les tentatives de parachutage en province de Jack Lang, autre figure emblématique du citadin peu à l’aise dans nos campagnes (malgré de louables efforts de sa part, reconnaissons-le). Allons plus loin, notre Président de la République, même s’il sait s’y montrer à l’aise, n’est pas davantage représentatif de cette France profonde. La presse l’a largement souligné lors de sa première visite présidentielle au Salon de l’Agriculture. Mais là, ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie, s’en gaussaient. Alors, oui, DSK  n’est pas à l’image de cette France-là, il représente cette haute bourgeoisie parisienne qui n’est généralement guère appréciée au fin fond de la province : on ne peut pas plaire à tout le monde. Et ses actes ne plaident pas en sa faveur : parachuté en Haute-Savoie, à l’occasion des élections législatives de 1986, contre l’avis des militants locaux mais imposé par la direction parisienne, il ne doit son élection qu’au scrutin proportionnel. A la première occasion, deux ans plus tard lors des législatives de 1988, il regagne des terres plus familières et plus hospitalières, le Val-d’Oise.

    Toujours est-il que cette déclaration a été largement reprise et commentée (Des commentaires, soit dit en passant, qui en disent plus long sur l'esprit étriqué des commentateurs qui ne voient le monde qu'à travers le filtre déformant de leurs propres idées).

    Ce qui n’est pas le cas de la seconde affaire.

    Le lundi 21 février, des membres du collectif “Jeudi Noir“ qui tentaient d’occuper un immeuble appartenant à l’Etat gabonais, au 51 rue de l’Université, ont aussitôt été expulsés par les forces de l’ordre. De cela, la presse s’est faite l’écho. Mais elle n’est pas allée au-delà de la diffusion des protestations d’usage. Et pourtant… Les vérifications d’identité ont livrés des résultats surprenants : l’assistant parlementaire de Noël Mamère, trois chargés de mission au Conseil Régional d’Ile de France, le directeur de cabinet d’Europe Ecologie, le directeur de cabinet du groupe Front de Gauche au Conseil Régional d’Ile-de-France, des journalistes de la revue Projet et d’Alternatives Economiques, trois autres pigistes…

    On peut comprendre que la presse n’ai pas souhaité ébruiter ces détails, après tout l’assistant parlementaire de Noël Mamère n’était peut-être que de passage (l’Assemblée Nationale est voisine), tout comme les chargés de missions dont les bureaux ne sont guère éloignés. De passage aussi, les deux directeurs de cabinets venu simplement apporter leur soutien. Quant aux journalistes, ils ne faisaient certainement que leur métier en essayant d’être au coeur de l’action (personne n’a jamais insinué qu’ils y prenaient part). Je veux bien admettre que ce ne sont que de simples coïncidences, mais imaginons une seconde que, dans une situation semblable, ces passants aient été de droite… Je n’ose imaginer les gros titres et les réactions indignées !

     

  • Cumul de mandats

    La nomination de Philippe Richert, président du Conseil Régional d’Alsace, au gouvernement est-elle une bonne nouvelle pour notre région ? En tout cas, elle pose un très sérieux problème.

    Je suis, j’ai toujours été, un fervent partisan du non cumul des mandats. Et un mandat comme celui de président de région est, à mes yeux, suffisamment prenant (et exigent) pour se suffire à lui même. Je l’estimais déjà incompatible avec celui de sénateur, à plus forte raison avec celui de ministre. J’ajouterais que la nature même de la mission ministérielle confiée à Philippe Richert (ministre auprès du ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration, chargé des collectivités territoriales) crée de fait un conflit d’intérêts évident : être chargé des collectivités locales tout en étant soi-même à la tête de l’une de ces collectivités posera tôt ou tard problème. Il serait donc logique qu’il renonçât à la présidence du Conseil Régional.

    Ce qui, fort logiquement, porterait à la tête de celui-ci le premier vice-président André Reichardt. Et ceci pose un second problème. L’entrée au gouvernement de Philippe Richert entraîne sa démission du Sénat (dont il est toujours questeur malgré son engagement à démissionner) et son remplacement par… André Reichardt. Ce qui était valable pour l’un, l’est pour l’autre : André Reichardt devra faire un choix, la présidence régionale ou le Sénat.

    Tout cela, bien sûr, suppose un minimum d’éthique et de conscience politique. Aujourd’hui, l’espoir est encore permis.

    Mais qu’en est-il de l’électeur de base ? Je veux parler de celui qui, il y a quelques mois, a porté Philippe Richert à la tête de l’exécutif régional. Considérera-t-il cette nomination comme une juste reconnaissance du travail accomplie ? Considérera-t-il, au contraire, qu’accepter ce poste c’est trahir sa confiance en renonçant à la mission qu’il lui a confié ?

    SI l’on se place du strict point de vue électoral, les Français n’élisent pas leur président de région, ils votent pour une liste. Tout comme ils n’élisent pas directement leur maire, mais un conseil municipal. Dans les deux cas, le choix final incombe à ces élus. Mais cela n’est que pure théorie et, de fait, c’est bel et bien le chef de file déclaré qui emporte la décision des électeurs. Ce qui nous ramène à notre problème.

    Il n’est pas simple, j’en conviens, mais il crée un véritable malaise, moins chez le militant que cette nomination réjouirait plutôt, que chez le simple électeur. Et ce qui remis en cause, c’est la confiance que l’on peut accorder à celles et ceux qui sollicitent nos suffrages si, à la première occasion, ils semblent renoncer à leurs premiers engagements pour en accepter d’autres.

    Reste la possibilité que Philippe Richert conserve la présidence de région pour, justement, ne pas décevoir ses électeurs. Dans ce cas, en plus du conflit d’intérêts évoqué plus haut, cela jettera un sérieux discrédit sur la fonction.

    Accessoirement, cela pose aussi le problème de la composition du gouvernement : réussira-t-on, un jour, dans ce pays, à comprendre qu’un poste ministériel n’est pas une récompense pour service rendu ? Mais commençons déjà par définir, une fois pour toute, de grands ministères dont les compétences ne changent pas à chaque remaniement. Ce sera un énorme progrès et une source d’économie que personne ne semble mesurer. J’invite ceux qui sont si promptes à calculer la moindre petite dépense de l’Etat à chiffrer le coût de ces changements (plaques, papiers officiels, cachets, sites… de toutes les administrations dont le ministère de tutelle change simplement de dénomination).

     

  • De plus en plus bête !

    Encore un bel exemple de connerie humaine !

    On viens de m’envoyer ce texte censé dénoncer “l’islamisation rampante de notre société“ !

    «Imaginez : qu’au nom de Jésus, des milliers d’attentats aient été commis par des kamikazes du Christ, qu’au nom du Pape, des centaines de milliers de gens aient été massacrés en Afrique, en Asie, qu’au nom de Jésus, les homosexuels soient mis en cage, qu’au nom de la religion chrétienne, l’on lapide moultes femmes coupables d’adultères, que les “4 évangiles“ prescrivent largement ces actes.

    Mais en ce cas ne serait il pas légitime d’amalgamer ces actes et la religion revendiquée ? Ou à tout le moins de demander à cette religion de nettoyer son linge sale et ses écrits… Oui en effet, si cela était, je n’en doute pas tous les intellectuels s’élèveraient avec véhémence pour dénoncer la religion chrétienne, et n’en doutons pas les religieux mis en cause prendraient les mesures nécessaires… Heureusement tout ceci n’est que pure fiction.»

    Pure fiction ? Je trouve personnellement cette description du catholicisme encore en-dessous de la vérité historique, l’auteur aurait pu être plus exhaustif… Oubliés, les massacres en Amérique, des civilisations entières détruites ! Oubliés les femmes et enfants brûlés vifs, parce qu’ils étaient d’une autre religion ! Oubliés, plus récemment, ces médecins tués pour avoir appliqué la loi ! Oubliés, ces centaines de milliers de morts imputables, par son refus borné, au seul pape (l’actuel et, surtout, son prédécesseur) !

    Inutile de préciser que l’auteur fait partie de l’un de ces groupuscules, qui pullulent en ce moment, genre “Nouvelle Droite“, “Droite Républicaine“, “Nouvelle Droite Républicaine“… En gros, des gens qui ont des idées très proches de l’extrême droite, mais qui tiennent à garder un vernis de respectabilité et foulent aux pieds les valeurs républicaines qu’ils brandissent ostensiblement pour mieux tromper leur monde. Et, en toute bonne fois, certains les suivent, trompés par ce rappel permanent au patriotisme et à la Nation qui, il est vrai, ne doivent pas devenir l’apanage des extrêmes.

    Ces imbéciles pompeux devraient parfois retirer leurs œillères. Les extrémismes religieux se nourrissent de ces polémiques, ils les entretiennent. L’acceptation, la banalisation, restent les meilleures armes pour les combattre, il suffit de voir les évolutions qu’a connue la religion catholique en moins de cinquante ans. Enfant, j’ai connu la messe en latin (les fidèles répétaient des paroles apprises par-cœur, dont ils ignoraient le plus souvent le sens !), les femmes et les hommes séparés dans les églises, les prêtres en soutane, l’interdiction de la viande le vendredi… Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Même les fidèles de Christine Boutin n’appliquent plus tous ces préceptes ! Il en ira de même pour l’Islam, le temps fera son œuvre. Le prêtre d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celui des années soixante, tout comme l’imam de demain, né et formé en France, sera forcément différent de celui d’aujourd’hui, souvent issu d’une culture différente.

    En attendant, il va falloir lutter pied à pied contre ces “ayatollah chrétiens“, tout aussi dangereux que les fondamentalistes qu’ils prétendent combattre, d’autant que, profitant d’un climat propice, ils semblent prendre plus d’assurance, s’affichant sans complexe, accédant à des responsabilités importantes (même chez les jeunes !), se présentant comme le dernier remparts des valeurs républicaines dont, en réalité, ils sapent les fondements.

    Il faut bien avouer que la pagaille ambiante leur facilite les choses : Villepin, anti-sarkozystz notoire, créé son propre parti tout en adhérant à l’UMP ; Vanneste, le “Frêche de droite“, prône le rapprochement avec le Front National ; Boutin, annonce son intention de se présenter aux prochaines présidentielles alors qu’elle devrait, logiquement, passer par les primaires… Le militant de base perd tous ses repères.

    Le qualificatif de “droite la plus bête du monde“ n’a jamais semblé autant d’actualité !