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Disons-le franchement... - Page 80

  • Sur l'aspect social de la Constitution Européenne

    Pour en rajouter une couche sur l'aspect social, référons-nous à l'avis de la Confédération Européenne des Syndicats et à son secrétaire général, John Monks.

    La Confédération Européenne des Syndicats, qui comprend 76 organisations syndicales issues de 34 pays et représentant 60 millions de syndiqués, appelle à voter OUI.
    Selon l’expression de son secrétaire général, John Monks, c’est à une majorité “fulgurante“que les organisations membres de la CES ont entériné la résolution appelant à soutenir le projet de constitution européenne par un vote d’approbation à 90 % des mandats.
    Seule FO (France) s’est opposée à cette résolution et 6 organisations dont la CGT et la CFTC (France) se sont abstenues. (en résume : 69 pour, 1 contre et 6 abstentions)

    Voici, tel qu’il a été publié, le communiqué de presse de la CES du 14/10/2004 :
    Le dialogue social renforcé par la Constitution
    Aujourd’hui, lors d’une conférence à laquelle on célébrait le 20e anniversaire du dialogue social européen, John Monks, le Secrétaire Général de la CES et Philippe de Buck, le Secrétaire Général de l’UNICE, ont exprimé leur soutien au Traité constitutionnel et à sa ratification partout en Europe.
    Ils ont en particulier salué l’Article I-48, qui reconnaît le rôle des partenaires sociaux au niveau européen et qui prend en compte respectivement la diversité des relations sociales nationales et l’autonomie du dialogue social.
    Après vingt ans d’existence, le dialogue social européen a fait la preuve de sa valeur.
    Tant les entreprises que les travailleurs ont besoin d’une Union européenne forte, capable de prendre des décisions garantes de leur avenir.

    Et pour ceux qui ne l’aurait pas encore lu, un extrait de l’article publié dans le Nouvel Obs :
    John Monks rappelle que "De nombreux objectifs et valeurs contenus dans le traité sont partagés par le mouvement syndical. Sans oublier la solidarité, la lutte contre l'exclusion, l'égalité hommes-femmes. La partie essentielle de la Constitution est à nos yeux la Charte des Droits fondamentaux. Non seulement les droits politiques et civils y sont reconnus, mais elle inclut aussi, et surtout, une liste de droits économiques et sociaux. Elle devient ainsi partie intégrante du droit européen avec une valeur juridique contraignante. Cela veut dire que les institutions de l'Union et les Etats membres sont tenus de respecter les droits inscrits dans la Charte. L'Union reconnaît pour la première fois le droit de grève, le droit aux prestations de sécurité sociale, aux services sociaux, toutes choses qui représentent un progrès non négligeable dans un contexte économique et social peu rassurant pour les salariés. Par ailleurs, ce texte est le premier traité européen à donner une existence juridique autonome aux services publics, qui sont reconnus comme l'instrument incontournable de la cohésion sociale de l'Union européenne."

  • Un choix raisonné

    Evoquer les délocalisations, comme le font actuellement certains tenants du “Non“, est, à mon avis, jouer sur les peurs des Français. Car cet argument n’est pas recevable, au contraire, il serait plutôt de nature à provoquer la réaction inverse. En refusant la Constitution la France se mettrait de fait en retrait par rapport aux 24 autres pays : ne serait-il alors pas tentant pour certaines entreprises de se délocaliser afin de rester au cœur de ce grand marché ?

    Il en est ainsi de nombre des arguments avancés de part et d’autre : à chaque exemple, il est possible d’apporter un contre-exemple. Ainsi, en implantant une usine en Pologne, Peugeot a considérablement augmenté ses effectifs sur son site de production de Mulhouse afin de pouvoir fournir cette nouvelle usine en pièces détachées.

    En tout état de cause, ce n’est pas en refusant un texte, qui est certainement imparfait mais qui a le mérité d’exister, que l’on empêchera ces mouvements industriels. Il me semble donc, non seulement vain, mais également dangereux de jouer ainsi sur les angoisses légitimes d’un certain nombre de nos compatriotes.

    Malheureusement, depuis quelques années, nous avons perdu l’habitude de raisonner, sinon à long terme, du moins à moyen terme., et cette “civilisation du tout, tout de suite“ que nous connaissions bien dans le domaine du marketing s’est étendue à la politique : on élit quelqu’un sur un programme, applicable au cours d’un mandat d’une durée déterminée. Il n’a pas si longtemps encore, on attendait la fin du mandat, on faisait le bilan et en fonction de cela on reconduisait l’élu ou on le remplaçait. Aujourd’hui, on ne lui laisse plus le temps de mettre en pratique son programme : on exige des résultats tout de suite. Quitte à le remplacer avant qu’il ait eu le temps de mener à bien sa tâche, le même sort attendant d’ailleurs son successeur !

    Alors, pour ce scrutin, posons-nous les vraies questions et arrêtons de jouer sur des fantasmes, des peurs irraisonnées ou des suppositions fallacieuses.
    - voulons-nous garder cette Europe technocratique que dénoncent certain ou donner plus de pouvoirs aux élus ?
    - faut-il refuser un texte qui, pour la première fois prend en compte des aspects sociaux (qui n’ont pas été faciles à obtenir, nombre de nos partenaires y étaient opposés) sous le prétexte qu’on ne va pas assez loin ?
    - …
    La liste peut être longue, mais sachons rester pragmatiques et concrets. Pour ma part, j’ai toujours appris qu’il valait mieux tenir que courir, et donc, même si, je le répète, ce texte est loin d’être totalement satisfaisant, il est aujourd’hui ce que nous pouvions espérer de mieux. Et contrairement à ce que certains tentent à nous faire croire, il n’est pas figé et peux évoluer dans le temps.

    Rien ne permet d’affirmer qu’une renégociation serait possible : pourquoi 24 pays qui, au terme d’une longue et difficile négociation, ont trouvé un compromis acceptable par tous, devraient-ils céder face à un seul ? Comment peut-on croire que la France, qui a péniblement réussi à arracher un certain nombre de concessions sur le plan social, quand était en position de force, pourrait en obtenir d’avantage alors qu’elle se trouverait affaiblie et en position d’infériorité ?

    Je sais bien que je ne convaincrais pas les farouches tenants du “Non“, mais j’espère sincèrement que les indécis prendront le temps de se renseigner, de bien peser le pour et le contre et de se déterminer en leur âme et conscience.
    Mais, quelque soit votre choix, la seule que vous ne puissiez faire, c’est de rester indifférent : votez “Oui“ (de préférence), votez “Non“ (e toute façon, je ne pourrais pas vous en empêcher !), à l’extrême limite, votez blanc… mais VOTEZ !

  • Les Français ne changeront-ils donc jamais ?

    Vue de l’étranger, l’attitude française face à la Constitution Européen provoque, non seulement la stupéfaction, mais aussi la consternation.
    Comment nos voisins européens pourraient-ils comprendre que l’on qualifie d’anti-social un texte plébiscité par l’ensemble des partis socialistes européens ainsi que tous les grands syndicats ?
    Comment pourraient-ils admettre que certains affirment qu’un refus de la France les obligerait à se remettre à la table des négociations : si la France refuse le traité, qu’elle reste dans son coin ! Il est hors de questions de renégocier un texte approuvé par 24 pays pour satisfaire aux exigences d’un seul. D’autant plus que celui-ci a obtenu des concessions importantes dans le domaine social !

    Quand les français comprendront-ils que le monde à changé à l’issue du second conflit mondial. C’est vrai, nous en avons été bien imprégné de l’image de la grandeur de la France : Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, la révolution, la France patrie des Droits de l’Homme et j’en oublie…Les pages noires de notre histoire ont été soigneusement occultées : de la Campagne d’Egypte, on n’a retenu que le discours des pyramides, pas les milliers de prisonniers égorgés parce qu’ils ralentissaient la marche d’une armée dont le seul but était de ramasser le plus de richesses possibles. Le soutien des troupes françaises à la révolution américaine est largement évoqué, mais rien sur la participation des troupes françaises contre la révolution mexicaine…
    Mais le monde à bien changé depuis Yalta, la France n’a plus la place prépondérante qu'elle occupait jadis. L’illusion a été entretenue grâce à la personnalité exceptionnelle du général de Gaulle qui a su incarner une certaine idée de la France, mais après lui ?
    Georges Pompidou a été le président de la relance économique, mais qui le connaissait à l’étranger ?
    Valéry Giscard d’Estaing a initié un certain nombre de réformes qui ont réellement bouleversé la société française (majorité à 18 ans, avortement…). Son image à l’étranger ? A part l’Allemagne qui voyait en lui le partenaire du Chancelier Schmidt, pas grand chose.
    Il en sera de même pour François Mitterrand. Omni présent sur la scène nationale, la longueur de son règne en fera l’un des hommes politiques clé du siècle : une grande partie de la population ne connaîtra que lui comme président et n’aura donc aucun point de comparaison. A son crédit, la suppression de la peine de mort, quelques monuments plus ou moins controversés, des réformes sociales dont l’avenir permettra d’apprécier la justesse… mais à l’étranger ? La poursuite des relations franco-allemandes et donc, longévité politique aidant, une certaine reconnaissance outre-Rhin. Il est vrai que l’étranger n’intéressait pas beaucoup celui qui s’attachait à entretenir son image.
    Avec Jacques Chirac, la France a retrouvé une place sur la scène internationale. Par ces prises de positions, l’homme suscite l’intérêt des médias internationaux.
    Mais l’image de la France est bien loin de ce que se plaisent à imaginer les Français !

    Donc, imaginer que par son refus de la Constitution Européenne la France obtiendra une nouvelle négociation est totalement illusoire. Et si, par chance, une telle négociation devait avoir lieu, la France fragilisée pourrait-elle maintenir les concessions obtenues ?
    En tout état de cause, refuser le traité constitutionnel ne peut avoir qu’une conséquence pour notre pays : le mettre à l’écart de la construction européenne.