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Disons-le franchement... - Page 26

  • Enseignement : chiffrage à revoir !

    François Hollande annonce la création de 60 000 à 70 000 postes d’enseignants sur 5 ans, mesure chiffrée à 2,5 milliards (soit 500 millions par an). Mais, dans ce calcul, je relève un léger problème.

    Reprenons-le et, pour être le plus objectif possible, basons-nous sur le seul salaire (environ 20 500 € brut pour un enseignant débutant) et sur la valeur basse de la fourchette, soit 60 000 postes créés. Cela représenterait donc 246 millions par an :
    - Année 1, le calcul est simple : 246 millions
    - Année 2 : 246 millions pour les 12 000 enseignants embauchés en année 2, mais également 246 millions pour ceux embauchés en année 1 (qui continuent à être payés !) soit 492 millions
    - Année 3 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 492 pour les 24 000 précédents, soit 738 millions
    - Année 4 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 738 pour les 36 000 précédents, soit 984 millions
    - Année 5 : 246 millions pour les 12 000 nouveaux, plus 984 millions pour les 36 000 précédents, soit 1,23 milliard
    Soit un total pour les 5 ans de 3,69 milliards 

    Donc, et encore une foi sur la seule base du salaire et pour 60 000 enseignants, la mesure coûterait au minimum 3,69 milliards et non 2,5. Un minimum tout à fait improbable, car aux salaires il convient d’ajouter les différentes indemnités, les frais annexes (matériel, etc.), les changements d’échelons des premiers embauchés… qui dépendent de facteurs difficiles à prendre en compte ici et qui ferait exploser notre estimation.

    La démonstration est faite que la mesure coûtera donc nettement plus que les 2,5 milliards annoncés. Elle devient encore plus éclatant si on se base sur le chiffre avancé de 500 millions par an :Année 1 : 500 millionsAnnée 2 : 1 milliardAnnée 3 : 1,5 milliardAnnée 4 : 2 milliardsAnnée 5 : 2,5 milliardsTotal sur 5 ans : 7,5 milliards.

    Là encore, l’honnêteté m’oblige a dire qu’une partie de cette mesure devrait être financée par la suppression de postes dans d’autres secteurs. Mais lesquels ?

    Il y a pourtant une réelle source d’économies à faire au sein même de l’Education Nationale. Je veux parler de ces professeurs sans affectation, ou fonction pédagogique. La Cour des Comptes avait estimé leur coût annuel à 1,5 milliard d’euros. Nous avons d’un côté des classes qui ne voient jamais de remplaçant, d’un autre des remplaçants qui ne sont jamais activés. Ou encore des professeurs en excédant dans certaines matières alors qu’il y a un manque criant dans d’autres. S’il devait y avoir une réforme prioritaire, c’est celle de la gestion du personnel !

    Dernier point de détail que personne ne semble avoir relevé : la durée… Le chiffre porte sur une durée de 5 ans : depuis quand embauche-t-on un fonctionnaire pour 5 ans ? Les 1,23 milliards de l'année 5 ne disparaîtront pas, comme par miracle, l'année suivante. Ils augmenteront même avec l'évolution naturelle des salaires, les changements d'échelons, etc. Et ceci pendant les 40 ans que durent une carrière de fonctionnaire. Et même au-delà, puisque l'Etat, ne cotisationt pas aux caisses de retraite, payent directement ces retraites sur son budget ! L'engagement ne porte donc pas sur 5 ans mais sur près de 70 !

  • Mettre fin à la cohabitation

    « Sarkozy a trahi son engagement, les idées qui l’ont porté au pouvoir, pour faire du clientélisme, de la politique de copinage, et du socialisme. Jamais un libéral ne pourra revoter pour Sarkozy, moralement, c’est impossible. »
    Ce commentaire, lu ce matin sur un réseau social, résume assez bien une opinion qui semble largement répandue. Est-il pour autant le reflet de la réalité ?

    Je ne surprendrais personne en répondant par la négative !

    Je ne reviendrais par sur l’importance d’une crise qui a fortement remise en cause le projet présidentiel de 2007. Il suffit d’observer ce qui se passe chez nos voisins européens pour se rendre compte que nous sommes tous, plus ou moins, logés à la même enseigne. Plus ou moins, car, si elle a subi la crise comme les autres, la France s’en sort nettement mieux que la plupart de ses partenaires. Je comprends que ce discours peut être mal reçu par celles et ceux qui ont été personnellement frappés par cette crise, mais les faits sont là : augmentation du chômage, baisse du niveau de vie, croissance en berne… sont, malheureusement, le lot de tous les pays dits développés. En faire porter la responsabilité au seul président de la République relève, pour le moins, de la plus absolue mauvaise foi.

    Reste un problème spécifiquement français. Les médias nous ont tellement “bassiné“ avec la notion d’omniprésident que les Français, généralement très mal informés (mais cela est un autre problème), en ont oublié un acteur majeur de notre vie politique : le Parlement !
    Combien de projets de loi ont-ils ainsi été amendés, modifiés, vidés de leur substance, voire retoqués par l’Assemblée Nationale ? L’émergence d’un pôle populiste au sein du parti majoritaire n’a été que l’aspect visible d’une réelle divergence entre une partie des élus et le gouvernement. Plus grave même, ces divergences ont fini par contaminer le gouvernement lui-même. Un gouvernement qui, au fil des réajustements, a accueilli des personnalités qui n’étaient plus en phase avec le projet initial. Un gouvernement que l’on pourrait qualifier de “gouvernement de compromis“. Même si l’arrivée de Jean-François Copé a permis de remettre un peu d’ordre dans un parti qui s’étiolait, le mal était fait : l’UMP qui, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, était un véritable parti de débat, où toutes les discussions étaient possibles, où chaque sensibilité avait sa place et le droit à la parole, s’est totalement défaite sous la direction de son successeur. Cerise sur le gâteau, pour favoriser le renouvellement des cadres, une place était même faite aux nouveaux adhérents lors des élections internes. Alors qu’il fallait resserrer les rangs derrière le président de la République, expliquer l’ouverture et les réformes, c’est-à-dire informer et impliquer les militants, le parti a sombré dans une profonde léthargie : l’information se faisait rare (et les réunions plus encore), il n’y avait plus de débats… Le militant n’avait plus aucun repère !

    Et, ne comprenant pas (parce que personne ne la lui expliquait) la politique du gouvernement, il se repliait sur ses vieilles habitudes et ses repères d’un autre temps. Alors que d’un côté le président et son gouvernement brisaient de vieux tabous et donnaient un nouveau souffle à la politique, la base se repliait sur ses vieux dogmes et replongeait allègrement dans ses vieilles pratiques.

    La division, la fracture, entre “anciens“ et “modernes“ était dès lors inévitable. Et, faute d’écoute et d’échange (ce que permettaient les réunions et débats), les anciennes familles de pensées se reformaient, s’isolaient. Si l’on ajoute à cette division la volonté de certains groupes de prendre le pouvoir en imposant leurs idées (et la cacophonie qui en découlait), on peut comprendre le désarroi du militant de base qui a besoin d’une ligne directrice, d’une vision politique claire.

    L’omniprésence dans les médias de la “Droite populaire“ et son activisme forcené au sein de l’Assemblée Nationale ont profondément affecté l’image de l’UMP. En se posant en garants des valeurs supposées du mouvement, ses membres ont tenté (et partiellement réussi) d’imposer des idées ultra-minoritaires, n’hésitant pas à pousser hors du parti celles et ceux qui restaient fidèles à ses vraies valeurs. La création récente d’un collectif d’élus opposés à cette main-mise est intervenue trop tard. 

    Dans les faits, la situation est simple : depuis trois ans, nous vivons une cohabitation qui ne dit pas son nom. Une cohabitation plus pernicieuse que celles que nous avons connu par le passé, car elle n’est pas perçue par l’immense majorité des Français.

    Donc, en clair, faire porter la responsabilité de la situation actuelle au président de la République est une preuve flagrante d’ignorance ou d’une volonté délibérée de ne pas vouloir regarder la vérité en face. Outre la part imputable à la situation financière de l’Europe, suite à la crise, la responsabilité majeure incombe a des élus qui se sont éloignés de leurs engagements, quand ils ne leur ont pas, tout simplement, tourné le dos.

    Ceci m’amène, une nouvelle fois, a insister sur l’importance des prochaines élections législatives : si Nicolas Sarkozy devait être réélu, il faudra, cette fois-ci, veiller à lui donner une réelle majorité, fidèle et fiable !

  • Collard au secours de MLP.

    La polémique du moment : le très médiatique avocat, Gilbert Collard, prend la présidence du comité de soutien à Marine Le Pen. Interrogé sur cet engagement, il ne fait que reprendre les arguments que l’on peut lire sur la plupart des forums. Avec plus de talent que la plupart des intervenants sur ces forums, mais en reprenant les mêmes clichés populistes.

    Comment peut-on sincèrement croire que Marine Le Pen ait la moindre chance de remporter l’élection présidentielle ?

    Si elle devait être présente au second tour, il ne fait aucun doute que son adversaire, quel qu’il soit, remporte très largement la victoire. Ce qui, au passage, lui permettra, une nouvelle fois, de stigmatiser ce qu’elle nomme  l’UMPS, de dénoncer un “complot“ et de se présenter en victime du système, son fond de commerce.

    Pas davantage d’espoirs pour son parti d’obtenir une majorité aux législatives suivantes. Là encore, elle ne manquera pas de dénoncer un mode de scrutin qui le défavorise.

    Ce dernier point, le mode scrutin, révèle une réelle contradiction. Le retour à la proportionnelle lui permettrait, certes, d’avoir quelques élus, mais ne ferait que creuser encore davantage le fossé, qu’elle ne cesse de dénoncer, entre les élus et le peuple.
    Aujourd’hui, nous connaissons notre député, nous pouvons le rencontrer dans le cadre de sa permanence… Nous l’avons choisi. Qu’il soit ou non de notre “couleur politique“, il est notre représentant.
    Dans le cadre d’un scrutin proportionnel, donc de listes, ce n’est plus un individu qui serait élu, mais le représentant d’un parti. Exit les candidats indépendants ! Et, qui plus est, le lien direct entre l’élu et les électeurs serait rompu. Et quid de la représentativité de certains territoires ? Il n’y a qu’a voir la difficulté que pose la création des listes pour les élections régionales pour mesurer l’ampleur du problème. A l’échelle d’une circonscription, un député peut encore tenir une permanence, aller au-devant de ses électeurs, mais à celle du département, cela restera-t-il possible ? Je ne le pense pas, sauf à disposer de plusieurs locaux de permanence, ce qui soulève un autre problème, celui du coût…

    Sur la papier, la proportionnelle semble être le système le plus juste. Dans la pratique, elle ne fait que distendre encore plus le lien, déjà fragile, qui unit encore les électeurs à leurs élus. Exactement ce que dénonce Marine Le Pen. Son but n’est, de toute évidence, pas de mettre ses idées en pratique mais d’obtenir suffisamment de voix et d’élus pour renflouer les caisses d’un parti en grande difficulté financière. Faut bien vivre !

    Alors, que vas faire Me Collard dans la galère frontiste ? Même s'il prend bien soin de préciser qu'il n'a pas adhéré au parti et qu'il se réserve le droit de se retirer du comité de soutien en cas de “dérapage", les seuls arguments qu'il avance aujourd'hui sont ceux du refus, refus du système actuel, refus de l'euro… Peut-on construire l'avenir sur des refus ? Et peut-on parler d'avenir quand on s'engage sur une voie de gargae ?