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Disons-le franchement... - Page 4

  • Elections européennes : séisme ou… avertissement sans frais ?

    Séisme, le mot du jour ! On le lit et on l’entend partout. Mais en quoi la victoire aux élections européennes du FN est-elle un séisme ?

    Remet-elle en cause la politique du gouvernement ? Non, le vote concernait l’Europe, pas la politique française. Les nouveaux élus frontistes vont-ils bouleverser la politique européenne ? Non, même s’ils daignent siéger, ils ne sont pas assez nombreux pour avoir une quelconque influence dans un parlement plus pragmatique que politicien, où nombre de votes font l’objet de consensus. Petit rappel réglementaire : Tout groupe politique doit être constitué de 25 députés d’au moins 7 États membres. Autant dire que les 24 eurodéputés FN risquent de figurer parmi les non-inscrits, leur programme franco-franchouillard n’ayant guère de chance d’intéresser d’autres nationalistes tout aussi concentrés sur leurs préoccupations nationales. Et s’ils y réussissent, cela fera forcément l’objet d’un de ces compromis qu’ils n’ont cesse de dénoncer lorsque d’autres y ont recours ! Vous avez dit magouilles ?

    Alors, à moins que je ne sois doté d’énormes œillères, l’ampleur du séisme m’échappe. Mieux encore, je vois dans ce résultat une chance, celle de démontrer la vacuité des “idées” du FN. Mais pour cela, il faudrait que les médias français s’intéressent enfin aux travaux du Parlement Européen afin que soit publiquement faite la démonstration de l’inefficacité d’un parti qui n’a jamais brillé, dans les instances dans lesquelles il compte des élus, par son implication… quand les élus en question se donnent la peine de venir siéger ! Mais peut-être que, si les médias français suivent les débats, ils daigneront remplir leur mandat au-delà du strict minimum nécessaire pour percevoir leurs indemnités.
    Et on ne manquera pas de regarder attentivement la composition de leurs équipes : il n’y a pas si longtemps, l’un des assistants de Marine Le Pen n’était autre que son compagnon… jusqu’à ce qu’un journal ne relève ce léger détail : du jour au lendemain, sa fiche sur le site du Parlement mentionnait un autre assistant !

    Alors, séisme ou pas ? Je persiste et je signe : non !
    Non, car il n’y aura pas de conséquences directes sur la vie des Français.
    Non, car l’équilibre du parlement Européen ne sera en rien bouleversé.
    Petit bémol : nous ne sommes pas à l’abri d’une sur-réaction du gouvernement (qui n’est plus à une gaffe près) qui pourrait alors avoir des conséquences totalement imprévisibles. Mais ce n’est pas dans son intérêt et on ne peut qu’espérer que, pour une fois, le pragmatisme l’emportera. Ce vote restera alors un simple avertissement sans frais.

  • Une élection pour rien ?

     

    Lorsque l'on est un européen convaincu, les listes en présence pour les prochaines élections européennes posent un véritable problème de choix. Ou plutôt de manque de choix !

    Un manque de choix qui est aussi le reflet du manque d'intérêt des partis politiques français pour l'Europe. Alors que chez la plupart de nos voisins, se présenter aux élections européennes est une consécration pour un élu, chez nous ce sont les laissés pour compte, ceux qui ont perdu leur place et qu'il faut bien recaser quelque part pour qu'ils touchent une indemnité, qui se voient offrir une forme de retraite dorée ! Pire encore, celles et ceux qui ont fait la preuve de leur compétence, dont le travail au sein des institutions européennes est reconnu par leurs collègues étrangers, se voient rétrograder !

    Au PS, Catherine Trautmann, tête de liste Grand Est au dernières élections, européenne convaincue, doit céder sa place à un novice en politique dont les déclarations confirment la parfaite méconnaissance de ce qu'est l'Europe. Liêm Hoang-Ngoc, numéro deux de la liste PS en 2009, économiste reconnu et qui avait réussi à se faire un nom au parlement européen est tout simplement évincé !

    Dans le Grand Est encore, pour l'UMP cette fois, Véronique Mathieu, également numéro deux en 2009 et classée numéro un des députés français les plus actifs, se voit reléguée en cinquième position, la tête de liste revenant à Nadine Morano dont les convictions européennes ne nous sont apparues comme flagrantes au cours de ses différents mandats.

    Je ne parle même pas des listes que je qualifierais d'inutiles, celles des extrême, de gauche comme de droite, dont les élus n'ont pas la réputation de siéger avec assiduité ! En gros, voter FN, Front de Gauche ou s'abstenir revient au même. Le choix se réduit donc au seul parti qui accorde une large place à l'Europe dans son programme, l'UDI, et, dans une moindre mesure, à Europe Ecologie… C'est peu !

    Les partis politiques ne sont pas les seuls responsables du désintérêt des Français pour l'Europe, les médias ont une très large part de responsabilité : combien de fois les grands journaux télévisés nationaux ont-ils retransmis un compte rendu des débats au Parlement Européen ? Combien de fois ont-ils rendu compte du discours d'un chef d'état ou de gouvernement devant cette assemblée ? Connaissez-vous Joseph Daul ? C'est pourtant, très certainement, l'un des hommes politiques les plus influents en Europe, qui peut se permettre d'envoyer un SMS à Angela Merkel sur son portable et d'obtenir une réponse dans la minute qui suit ! Il est même considéré comme le plus influents des euro-députés, toutes nationalités confondues. Combien de fois a-t-il été l'invité d'une émission politique française ? Française, car les autres télévisions européennes, elles, ne l'ignorent pas. Il a exercé les plus hautes responsabilités au Parlement Européen, aujourd'hui il préside le Parti Populaire Européen qui rassemble les grands partis de droite, mais nos grandes chaînes préfèrent inviter un obscur député pour débattre des sujets liés à l'Europe plutôt que quelqu'un dont la compétence est unanimement reconnue… hors de nos frontières.
    Évidemment, les téléspectateurs pourraient prendre conscience que tous nos malheurs ne sont pas provoqués par l'Europe, un bouc émissaire tellement utile en période de crise. Le bouc émissaire idéal pour détourner l'attention de nos propres incompétences. La paille européenne cache si bien la poutre française ! Et une fois de plus, les Français, mal informés ou consciemment aveuglés, vont s'enferrer dans leurs propres contradictions : eux qui dénoncent à la moindre occasion les politiques qui se moquent de leurs électeurs et ne pensent qu'à leur carrière et à leur porte-feuille,  s'apprêtent à donner leur voix (à en croire les derniers sondages) à ceux-là même qu'ils dénoncent. Autant voter blanc, le résultat sera le même et, au moins, cela n'assurera pas une rente à un élu qui n'exercera pas le mandat qui lui a été confié.
    La consultation des feuilles de présence est révélatrice : certains euro-députés, totalement absents des commissions, n'assistent qu'aux séances plénières strasbourgeoises et encore, pas à toutes. Or, un élu qui n'assisterait pas à au moins la moitié de ces séances verrait ses indemnités largement amputées ! Ceci explique l'intérêt, très relatif, de certains pour celles-ci. Et comme le système électorale assure aux têtes de liste des principaux partis une élection à coup sûr, nous allons, une fois de plus, envoyer siéger (si peu) des personnes dont l'Europe est le dernier des soucis. Et les médias (français) continueront à ignorer superbement les institutions européennes qui resteront la cible favorite des populistes de tout bord.

    Alors, une élection pour rien ? Certainement, si considérations nationales l'emportent et si les Français ne sont pas capables de faire la part des choses.

  • "Tous à poil"… il y a 100 ans déjà.

    J'avais oublié cette mystification qui date d'il y a 100 ans. J'étais encore enfant quand j'ai découvert cette histoire, à la télévision.  Si je ne sais plus dans quelle émission elle était alors racontée, je me souviens parfaitement de la chanson qui la concluait, sur l'air du "Chant du départ" :
    La République se rappelle
    Les vertus d'Hégésippe Simon
    En souvenir de ce qu'il fit pour elle
    A Poil , tous à Poil nous serons !

    Qui était Hégésippe Simon ?
    Un grand homme assurément, puisqu'il est qualifié de "précurseur", sans autre précision !
    Le courrier envoyé aux élus de la République, émis par le "Comité d’initiative du centenaire d’Hégésippe Simon" et les invitant à l'inauguration de la statue de ce héros national, portait cette fière devise : « Les ténèbres s’évanouissent quand le soleil se lève. » Ce courrier était ainsi libellé :
    Monsieur le Député,
    Grâce à la libéralité d’un généreux donateur, les disciples d’Hégésippe Simon ont enfin pu réunir les fonds nécessaires à l’érection d’un monument qui sauvera de l’oubli la mémoire du précurseur.
    Désireux de célébrer le centenaire de cet éducateur de la démocratie avec tout l’éclat d’une fête civique, nous vous prions de vouloir bien nous autoriser à vous inscrire parmi les membres d’honneur du Comité.
    Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’hommage de notre profond et respectueux dévouement.

    Derrière ce Comité se cachait, en fait, Paul Birault journaliste à l’Éclair qui n'avait pas une très grande estime pour la classe politique de l'époque, selon lui « incapables d’étudier même superficiellement une question quelconque, et [d']une vanité qui ne leur permet pas de soupçonner qu’on puisse se moquer d’eux ».
    Les premières réponses ne tardèrent pas, et Birault en profite pour rédiger une lettre de relance en citant ses premières victimes : « Nous avons déjà reçu l’adhésion de MM. Dalbiez, Paul Meunier et Félix Chautemps. Dans l’espoir que vous voudrez bien vous associer au juste hommage rendu à l’une des plus pures gloires de notre démocratie, nous vous prions d’agréer… ».
    Ce nouveau courrier lui vaut une seconde vague de réponses, dont l'une ne peut que l'étonner : « J’accepte avec d’autant plus de plaisir que j’ai bien connu Hégésippe Simon, ce grand Français paré de toutes les vertus républicaines. » Après l'Assemblée Nationale (ou plutôt, la Chambre des Députés), c'est au tour du Sénat. Et cette fois-ci, pour les sénateurs, le courrier s'enrichit d'un petit post-scriptum : « La pierre élevée à la mémoire de votre illustre compatriote sera érigée à… (là, une commune du département du destinataire). » Le monument devait être inauguré le 31 mars 1914. Là, Birault prend un risque : la cérémonie se déroule dans 48 communes différentes ! Il suffirait que deux sénateurs comparent leurs invitations pour que le canular soit éventé.
    Il n'en sera rien, et 17 sénateurs confirmeront leur présence… ou s'excuseront, comme celui qui regrettent que : « Mon âge et l’état de ma santé ne me permettent plus guère les longs voyages et les banquets... » ! Certains se posent quand même des questions et demandent une documentation sur l'illustre personnage.

    Fort de son succès, Birault passe au niveau supérieur et demande le patronage du Ministre du Commerce. Mais celui-ci, plus prudent, demande un rapport sur le Comité à la Sûreté, qui a vite fait de constater qu'il n'existe aucun Hégésippe Simon et qu'à l'adresse du comité se trouve l'imprimerie dirigée par l'épouse de Birault. Une note est aussitôt placardée à l'entrée de l'hémicycle du Sénat.
    Malgré cela, Birault recevra encore une réponse, celle qui est à l'origine de la chanson citée plus haut et émanant du comte d’Aulnay, sénateur de la Nièvre. Dans ce département, le lieu de naissance choisi était la petite commune de Poil ! « A mon vif regret, je prévois qu’il me sera sans doute difficile de me trouver à Poil le 31 mars 1914. »

    Le 21 janvier 2014, Birault révèle le canular dans l'Eclair, mettant un terme à l'histoire… du moins jusqu'à aujourd'hui, puisqu'un nouveau comité vient de prendre le relais pour commémorer le vrai centenaire du faux centenaire !