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Disons-le franchement... - Page 75

  • Nos hommes politiques ne savent pas communiquer (5)

    Recadrer la vie politique

    La vie politique est totalement faussée.
    Nous sommes, depuis quelques années déjà, dans la civilisation du zapping : j’aime, j’aime plus, j’aime bien mais je vais quand même voir ailleurs si ça n’est pas mieux…
    Le “tout, tout de suite“ a remplacé le “mieux vaut tenir que courir“, attitude de ceux qui ont connu les privations et les difficultés de l’après-guerre et, qui par là même, savait apprécier à sa juste mesure le plus petit progrès.
    Ces principes, bien connus dans l’univers de la publicité et du marketing, ont été totalement ignorés par le monde politique. Les hommes politiques ont continué à proposer leurs programmes, leur vision de la société à des Français qui n’avaient plus la même grille de décodage.
    Mais la responsabilité est partagée : dans une société en perpétuel mouvement, les Français ont beaucoup de mal à admettre à comprendre qu’une décision politique ne soit pas suivie d’effet immédiat. Est-ce le résultat des faiblesses de notre système éducatif ? Le fonctionnement de nos institutions est-ils suffisamment connu ? N’est-il pas urgent de revoir sérieusement l’enseignement en matière d’instruction civique ?
    Les Français n’ont plus réellement la notion exacte de ce qu’est une échéance électorale. L’attitude de l’opposition (quelle qu’elle soit, car tant la gauche que la droite ont pratiqué ce petit jeu) a contribué à semer le trouble dans l’esprit de nos concitoyens.
    Je reprendrais le cas des élections régionales de 2004.
    Il s’agissait de remplacer les exécutifs régionaux, rien de plus. La gauche a voulu en faire une vaste campagne anti-gouvernementale, ce que cette élection ne devait pas, ne pouvait pas, être. Il est donc tout à fait normal que les Français, à l’issue du scrutin, manifestent leur mécontentement quand, fort logiquement, ils constatent que leur vote ne produit aucun effet sur la politique du gouvernement.
    Fort logiquement, car ce n’était pas l’enjeu réel.
    Et cela, les Français ont du mal à l’admettre. Pourtant, qui pourrait imaginer en prenant l’avion pour une destination donnée, de demander en plein vol à changer d’équipage et de destination ?
    Une élection relève d’un choix identique : les Français choisissent un programme ainsi que des femmes et des hommes chargés de le mettre en œuvre dans une durée donnée.
    Le premier axe de communication à mettre en œuvre est de fixer l’action (présidentielle, législative, régionale, départementale, communale…) dans la durée. Et d’en rappeler les limites ! Je garde en mémoire des élections cantonales au cours desquelles le thème de l’insécurité et de l’immigration a été largement évoqués alors que le Conseil Général n’a aucune compétence dans ces domaines. Mensonges, certes, mais qui ont faussé les débats et occultés les vrais problèmes.

    Nous sommes dans une société de l’information et de la communication tout azimut. Le monde politique est resté trop en retrait, et ce n’est pas la prolifération des conseillers en communication qui ont aidé nos Politiques à modifier leur image ou qui nous ont asséné telle ou telle formule choc, qui a changé quoi que ce soit au problème.
    On a communiqué sur la forme (ce qui est nécessaire), on a oublié le fond, estimant sans doute (mais à tort) que les Français avaient les bases indispensables.
    Et cela est la version optimiste, je ne parle même pas de certains responsables politiques pour lesquels les Français n’ont pas besoin de comprendre les enjeux d’une élection et pour lesquels seul compte le résultat. La démagogie, elle, ne nécessite pas d’énormes efforts de communication !

    On peut considérer le problèmes sous tous les angles imaginables, il n’y a pas beaucoup de solutions pour remettre la vie politique française sur ses rails : éduquer, informer… communiquer. Mais efficacement !

  • Nos hommes politiques ne savent pas communiquer (4)

    Petit état des lieux

    La société française a considérablement évolué au cours des dernières années. Le dire semble être une évidence, mais est-ce aussi évident pour tout le monde ?
    A priori, oui. Du moins si l’on prend en compte les diagnostics émis par les leaders politiques au cours des dernières années. A commencer par celui, brillant, de Jacques Chirac sur la fracture sociale, complété par celui de Jean-Pierre Raffarin sur la “France d’en bas“.
    Mais à l’arrivée, à quels résultats ces diagnostics ont-ils aboutis ?
    Selon leur engagement et leurs convictions, les uns vous démontreront, chiffres à l’appui, que de vraies mesures ont été prises, que les choses sont en voie d’amélioration. Les autres, avec la même sincérité, vous prouveront que, non seulement rien n’a été fait, mais que les inégalités se sont creusées.
    Qui a tort ? Qui à raison ?
    Match nul, balle au centre : les deux camps ont raison. La vérité est équitablement partagée, tout comme la mauvaise foi !
    Et la grande phrase a été lâchée : les deux camps !

    Oh bien sûr, cette bipolarisation de la vie politique n’est pas spécifiquement française, républicains et démocrates aux Etats-Unis, travaillistes et conservateurs en Grande-Bretagne… les exemples ne manquent pas.
    Non, notre spécificité est la “bipolarisation fluctuante“ : le Français choisit son camp, défend vigoureusement son “engagement“, mais n’hésitera pas à se renier avec la même sincérité quelques mois plus tard !
    Et cela, je l’ai constaté à maintes reprises, il suffit de prendre les résultats d’élections locales dans des quartiers dits populaires. La comparaison des chiffres des tours permet alors de vérifier le report des voix de l’extrême droite sur un candidat socialiste, lequel n’a rien demandé et est même, souvent, plutôt embarrassé par ce vote.
    On tente de nous expliquer alors qu’il s’agissait là de votes de protestation, que les électeurs ont voulu donner un avertissement au monde politique…
    Mais qu’est-ce que ça veut dire, un vote de protestation ?
    Soyons clair : lors d’une élection (hors référendum, qui est un cas particulier) chaque candidat présente un programme, le choix devrait donc porter sur ce programme et rien d’autre.
    Comment se fait-il que lors d’élections régionales, les Français estiment-ils pouvoir infléchir la politique nationale ?
    Comment, lors d’un scrutin européen, est-ce le gouvernement français qui devient la cible des critiques ?
    On peut comprendre l’exaspération de ceux qui sont en difficulté, qui ont envie que les choses changent rapidement, mais là encore, paradoxe ! Ce sont ceux qui réclament le plus des changements rapides qui s’opposent aux évolutions nécessaires.
    Et nous en revenons toujours au même point : la communication. Dire qu’il faut réformer, exposer le problème, c’est bien. Mais a-t-on suffisamment expliquer les récentes réformes ? Certes, il y a eu des débats, des réunions… Un effort a visiblement été fait, mais une fois encore, totalement à côté de la plaque !
    Prenons le cas de la réforme scolaire. François Fillon avait parfaitement compris le besoin d’implication des Français, il avait souhaité un vaste débat. Ce débat a eu lieu. Le résultat : des manifestations, le retrait d’une partie du projet, le désaveu d’un ministre qui avait sincèrement et honnêtement tenté de jouer le jeu de la concertation. Rappelez-vous les unes des journaux, n’avait-on pas l’impression que toute la jeunesse de France était dans la rue ?
    Et pourtant la réalité était toute autre : 10 % d’étudiants dans la rue !
    Une nouvelle fois, une minorité agissante imposait sa manière de voir les choses. Or moi, j’ai toujours appris qu’en démocratie, c’est la majorité qui décidait !
    Et je ne reviendrais pas sur la grève des intermittents du spectacle, où l’on a vu à la pointe de la contestation au syndicat défendre un statut qu’il avait violemment combattu (et refusé de signer) quelques années au paravent !

    Alors je persiste et je signe :nous n’avons pas su expliquer les véritables enjeux de nos réformes. Et comme je l’ai déjà dit à maintes reprises, ce ne sont pas la qualité et la compétence des hommes chargés de la communication du gouvernement ou des partis qui sont en cause, mais bien leur éloignement de ce que l’on a appelé la “France d’en bas“.
    Et même cela, ce n’est pas un reproche : il est difficile de rester totalement connecté aux réalités du terrain quand on passe 10 ou 12 heures dans un bureau, entouré de gens qui sont convaincus, et de toute bonne foi, avoir pris les bonnes décisions. Les choses semblent tellement évidentes qu’il est difficile d’admettre qu’elles ne le soient pas pour tout le monde.

    Aujourd’hui, les Français attendent des résultats immédiats, or nous savons tous que gouverner c’est prévoir, donc agir à moyen et long terme. Malheureusement une action à long terme et des résultats rapides sont deux choses incompatibles.

    Le Français d’aujourd’hui me fait irrésistiblement penser à l’Antigone de Jean Anouilh : “Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui...“

    (à suivre)

  • Ne laissons pas s'éteindre la flamme !

    Il n’aura échappé à personne que je suis membre d’un parti politique. Je suis militant. Pas sympathisant, pas simple détenteur d’une carte : militant de terrain !
    Au sein ce parti, j’exprime librement mon opinion, que cela plaise ou non. Le jour où je ne serais plus écouté (sinon entendu) ou si je devais être en désaccord profond avec les prises de positions officielles, je rendrais ma carte !
    Pourquoi cette entrée en matière ?
    Parce que j’estime que le débat sur la constitution européenne, même faussé par la méconnaissance flagrante des Français pour les institutions européennes, les mensonges éhontés de certains pourfendeurs du “oui“ et l’intrusion dans la campagne de problèmes franco-français, a montré l’intérêt de nos concitoyens pour la chose européenne.

    L’Europe est présente dans notre vie quotidienne, la majorité de nos lois sont d’origine européenne. En 2007 nous allons élire nos députés et notre président : exigeons qu’ils prennent des positions claires vis-à-vis de l’Europe, que les programmes intègrent une part de politique européenne. Et n’hésitons pas à boycotter les candidats qui ne rempliraient pas cette condition !
    Qu’un homme politique de premier plan puisse affirmer que l’Europe est une chose trop compliquée pour qu’on en parle et que de toute façon cela n’intéresse pas les Français est proprement inadmissible !
    Je sais bien que pour beaucoup, l’Europe est quelque chose d’abstrait, mais pour nous, frontaliers, elle est une réalité que nous vivons au quotidien.

    J’irais même plus loin dans mon raisonnement : l’Europe a sa place dans nos politiques locales. Au niveau régional, il est possible de développer des collaborations entre régions européennes. Au plan municipal, il est important d’intensifier les jumelages afin de permettre aux enfants français de mieux connaître les enfants des autres pays de l’Union.

    Alors, ne nous laissons pas gagner par ce que j’ai appelé un jour le syndrome de Clovis qui consiste à aduler un jour ce qu’on a honni la veille et réciproquement : l’intérêt pour l’Europe ne doit pas retomber ! A nous d’entretenir la flamme.